Le domaine d’études et le niveau de diplômes sont déterminants pour le début de carrière nous montre l’INSEE dans une récente livraison. Les filières professionnelles les plus favorables pour échapper au chômage et avoir un bon salaire sont souvent des filières très masculines.
La revue INSEE première d’octobre mérite d’être lue attentivement par tous ceux qui se posent des questions d’orientations professionnelles. L’étude examine, par filière et niveau de diplôme, ce qui se passe dans les 10 premières années de carrière qui suivent la sortir de formation initiale en examinant le taux de chômage, la proportion de temps partiel (en partie subis) et la proportion de cadres et professions intermédiaires et le salaire net médian en euros 2009.
La revue distingue trois grands groupes : les formations qui débouchent sur un début de vie active difficile, celles qui permettent des débuts plus corrects et celles qui amorcent des parcours professionnels favorables.
Prenons quelques exemples extrêmes.
Pour ceux qui ont un CAP/ BEP de secrétariat ou de communication, le taux de chômage moyen sur les dix ans a été de 25% en moyenne. Sur les dix ans, il y a 28% de temps partiel et 14% de cadres ou professions intermédiaires, pour un salaire médian de 1100 €
Pour ceux qui ont un CAP/ BEP d’électronique ou d’électricité, le taux de chômage moyen sur les dix ans a été de 15% en moyenne sur les dix ans, il y a 6% de temps partiel et 14% de cadres ou professions intermédiaires, pour un salaire médian de 1300 €
Pour ceux qui ont un BTS ou un DUT de secrétariat ou de communication, le taux de chômage moyen sur les dix ans a été de 11% en moyenne sur les dix ans, il y a 13% de temps partiel et 44% de cadres ou professions intermédiaires, pour un salaire médian de 1340 €
Comme on le voit, le choix d’une bonne filière (électricité) a permis à des titulaires d’un CAP/ BEP d’avoir des conditions de carrières proches des titulaires d’un BTS ou d’un DUT d’une filière très peu favorable (communication/ secrétariat). On retrouve le même phénomène pour des niveaux de diplôme plus élevés (là aussi, il s’agit des exemples extrêmes)
Diplôme |
Filière |
Taux de chômage % |
Part de temps partiel % |
Part des cadres et intermédiaires |
Salaire médian € |
BTS DUT |
Mécanique |
5 |
2 |
71 |
1630 |
Master 1 et 2 |
Sociologie, psychologie |
13 |
35 |
80 |
1480 |
Si le choix de la filière est important, le niveau de diplôme l’est évidemment tout autant comme le montre le récapitulatif ci-dessous
|
Part des femmes % |
Taux de chômage % |
Part de temps partiel % |
Part des cadres et prof interm |
Salaire médian € |
Non diplômés, brevet des collèges |
37 |
31 |
19 |
11 |
1130 |
Ensemble diplômés de l'enseignement secondaire |
44 |
14 |
15 |
19 |
1250 |
Diplôme d'école de commerce et de gestion |
47 |
7 |
3 |
91 |
2570 |
Ensemble diplômés de l'enseignement supérieur |
54 |
8 |
11 |
74 |
1650 |
Le résultat est sans appel pour ceux qui n’ont pas aucun diplôme : un risque chômage élevé.
Pour ceux qui ont un CAP/ BEP, le taux de chômage est de 14/15% pour les bonnes filières et de 23 à 27% pour les mauvaises (il n’y a pas de situation intermédiaires dans les filières présentées)
Un cas particulier, celui des aides soignantes, dont le diplôme est de niveau CAP/ BEP, et dont le taux de chômage est de 6% seulement.
Pour ceux qui ont un bac professionnel, le taux de chômage est de 5 à 9% pour les bonnes filières, mais peut monter à 20% pour les plus défavorisées (secrétariat)
A partir du bac+2, le taux de chômage est inférieur à 10% dans la plupart des cas, mais il y a encore les bonnes et mauvaises filières évidemment, comme le montre l’exemple pris plus haut
On note la situation extrêmement privilégiée de ceux qui ont fait une école d’ingénieur ou de commerce : gestion, avec des taux de chômage de 4 à 7% mais surtout des salaires nettement plus élevés que les autres.
Particularité de notre pays, ces formations à Bac+5 sont mieux payées que les doctorats (médecine exceptée).
Les tableaux donnent aussi la proportion de femmes pour chaque type de formation. Celles qui ont les taux de chômage les plus élevées dans leur niveau de diplôme sont toujours majoritairement féminines. L’inverse est vrai avec des formations à bas taux de chômage fortement masculine. Avec une exception : les aides soignantes et les infirmières, qui profitent de la pénurie dans leur filière avec des salaires nettement au dessus de la moyenne des salaires à leur niveau d’études.
Clairement, la loi de l’offre et de la demande joue en défaveur des femmes qui s’orientent vers des secteurs encombrés, quand certains garçons vont dans des filières très masculines et très favorables.
Les commentaires récents