La publication par l’INSEE des derniers résultats sur l’espérance de vie et d’une étude à l’horizon 2060 a été relayée par la presse, une fois n’est pas coutume, peut être parce que le débat sur les retraites a attiré l’attention sur le sujet. Il est vrai que l’INSEE a aussi mis en avant une donnée spectaculaire : 15 000 centenaires aujourd’hui, 200 000 en 2060 !
Ceux qui affirment que l’espérance de vie a fini d’augmenter mais va plutôt baisser en seront pour leurs frais : non seulement ce n’est pas ce qu’on observe encore cette année, mais l’étude de l’INSEE à l’horizon 2060 fait clairement l’hypothèse inverse, même si elle fait prudemment plusieurs scénarios sur l’évolution de l’espérance de vie. A un horizon aussi éloigné, c’est la moindre des choses, même si on peut affirmer que les centenaires de 2060 ont déjà 50 ans, et qu’on a donc une certaine idée de leur état de santé.
C’est une évidence, mais pour comprendre comment évolue l’espérance de vie, il faut rappeler que des hommes et des femmes meurent à tous les âges de la vie, et que, si la moyenne se situe à 80 ans par exemple, certains meurent plus tôt et d’autres plus tard.
Par exemple, une petite proportion des humains meurt à 6, 15 ou 30 ans.
Ce qu’on observe régulièrement depuis des décennies, et encore cette année, c’est que la proportion de ceux qui meurent à 6, 15 ou 30 ans diminue, année après année.
Dans la première moitié du 20ème siècle, c’est surtout la mortalité infantile, encore importante, qui a diminué. Dans la deuxième moitié du 20ème siècle, si la mortalité infantile continue à décroître, c’est la mortalité aux âges adultes dont la diminution prend le relais de la précédente pour assurer les fameux 3 mois de gain annuel d’espérance de vie, dont on nous rabat les oreilles à l’occasion de la réforme des retraites (mais j’avoue avoir cité ce chiffre régulièrement depuis que je tiens ce blog), la résistance de beaucoup (à gauche notamment) à accepter cette réalité étant particulièrement forte.
Cette année, on observe deux retours en arrière, c’est à dire une augmentation de la mortalité à un âge donné : pour les enfants de moins d’un an et pour les hommes et les femmes autour de la soixantaine. Aucune raison n’est mise en avant dans le premier cas (alors que la mortalité infantile a été divisé par 3 en 30 ans, d’abord par la réduction des morts la première semaine de vie puis plus récemment grâce aux campagnes pour éviter la mort subite du nourrisson). Je me demande s’il n’y a pas une diminution de l’acharnement thérapeutique pour sauver des enfants ayant des anomalies létales et /ou grands prématurés, des études ayant montré une proportion importante(20%) des enfants ainsi sauvés confrontés ensuite leur vie durant à des difficultés permanentes extrêmement handicapantes au point de passer toute leur vie dans des établissements spécialisés.
Dans les cas des femmes, le développement de la consommation de tabac explique avec les cancers du sein la légère dégradation des résultats autour de la soixantaine . On observe que sur la décennie, les hommes ont gagné 2.5 ANS d’espérance de vie et les femmes seulement 2 ans. L’écart entre les hommes et les femmes, plus important chez nous que dans d’autres pays européens en raison de la consommation d’alcool et de tabac par les hommes, est en train de se réduire.
A contrario, des progrès importants sont constatés pour les hommes autour de 70 ans et dans une moindre mesure autour de 40 ans, avec dans ce dernier cas une diminution de la mortalité liée aux suicides, aux accidents et au Sida.
Au delà des deux premières années, marquées par les difficultés de la naissance, la mortalité est d’abord extrêmement faible : moins de 100 cas par année jusque l’âge de 15 ans pour les hommes et 25 ans pour les femmes , à comparer à des cohortes d’un peu moins de 400 000 individus de chaque sexe. Puis elle augmente progressivement pour atteindre les 1000 cas annuels à 43 ans pour les hommes et 51 ans pour les femmes. On note une rupture à l’âge de 64 ans, avec une baisse du nombre de décès. En fait celle ci est liée à la variation de la taille de la cohorte, les moins de 65 ans appartenant à la génération du baby boom, ceux de plus de 64 ans à la génération précédente, nettement moins nombreuse.
Le plus grand nombre de décès se situe à 86 ans pour les hommes (9554 cas) et à 89 ans pour les femmes (14 311 cas) mais ce ne sera pas le cas prochainement en raison du déficit de naissances pendant la guerre de 14. 71 hommes et 604 femmes sont décédés à 105 ans ou plus. On apprend aussi que 1% de ceux qui avaient 60 ans en 1967 sont encore vivants en 2007 : ce sont des centenaires.
Jusqu’où peut progresser l’espérance de vie ? Pour tenter de répondre à cette question, on peut chercher à comprendre comment elle progresse aujourd’hui. Et pourquoi certains meurent relativement tôt, d’autre assez tard et d’autres enfin très tard.
On peut parler de décès prématurés quand une personne décède d’un accident, de voiture par exemple. Si ce décès est évité, la personne concernée peut vivre encore de nombreuses années. Il en est de même pour les maladies infectieuses : en trouvant le moyen de soigner ces maladies, l’humanité a fait faire un bond important à l’espérance de vie.
En supprimant progressivement toutes les causes de décès du type accidents ou maladies, l’homme ne supprimera pas la mort, il permettra à de plus en plus de gens d’aller « jusqu’au bout de leur vie », comme cela a été dit de Jeanne Calment.
Mais on revient à cette question : c’est quoi « le bout de la vie » ? Pour quelle durée maximum est on programmé ? Si cette durée existe, est elle la même pour tous les individus ? L’INED, qui propose dans une animation des scénarios pour l’évolution de l’espérance de vie, estime manifestement qu’il est plus probable qu’il y a des différences selon les personnes. Ce que certains disaient autrement en faisant remarquer que Jeanne Calment avait, sur plusieurs générations, des ascendants qui aveint tous ceux qui avaient vécu le plus longtemps dans leur fratrie respective.
On peut comprendre que le corps s’use progressivement, jusqu’à un état où la personne s’éteint. On peut aussi penser que les conditions de vie produisent une usure prématuré, et du coup se demander si d’autres conditions de vie peuvent réduire l’usure, comme les crèmes anti rides sons sensées repousser l’apparition de cette marque de vieillissement.
En supprimant une par une les causes de décès prématurés, en améliorant les conditions de vie pour lutter contre l’usure prématuré, nous pourrions donc continuer à augmenter l’espérance de vie. Au point qu’une part non négligeable d’entre nous pourraient devenir centenaires !
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