Les Suédois votent ce dimanche pour élire leurs députés. Le gouvernement de centre droit sortant est donné favori en raison de la bonne santé de l’économie, mais l’arrivée au parlement de députés d’extrême droite risque de compliquer la constitution d’une coalition majoritaire.
Le gouvernement en place, dirigé par le Premier ministre conservateur Fredrik Reinfeldt, a baissé à la fois les impôts et les prestations sociales, les deux étant évidemment liés. On reste bien sûr malgré tout dans un État providence (les recettes fiscales représentent 45% du PIB) mais les sociaux démocrates, qui ont été très longtemps au pouvoir et ont construit le modèle suédois, alertent sur ce que le pays pourrait devenir avec un nouveau mandat pour la droite.
Le gouvernement sortant profite d’une croissance économique forte, à plus de 4% annuel. Il est vrai qu’elle succède à une récession de 5.1% l’an dernier, en raison de l’importance de l’industrie suédoise. La Suède applique à fond la stratégie de Lisbonne, (elle est membre de l’Union Européenne depuis 1995) : c’est le pays d’Europe qui a le plus fort taux de PIB consacré à la recherche et développement.
Le taux d’emploi des 15/64 ans a baissé de deux points en 2009, mais il reste assez nettement supérieur à celui de la France ou de l’UE. Le taux d’emploi féminin est presque au même niveau que le taux d’emploi masculin (5 points de différences) et il est le plus haut d’Europe après celui du Danemark.
La pratique de l’État Providence, des inégalités extrêmement faibles, ont fait la réputation du modèle social démocrate suédois. Celui-ci a cependant atteint ses limites. C’est ainsi que Astrid Lindgren, romancière à succès avec Fifi Brindacier, a fait paraître en 1976 un article où elle expliquait que le fisc lui demandait un impôt égal à 102% de ses revenus.
Au début des années 90, la Suède est confrontée à une grave crise économique qui aggrave considérablement le chômage et les déficits. Avec pragmatisme, les suédois réforment en profondeur leur système public, au prix selon certains d’une trahison de leur modèle.
Le Monde s’interrogeait jeudi sur le modèle suédois, et montrait à la fois les évolutions libérales en cours (sous l’impulsion de la droite au pouvoir) et les caractéristiques encore en place (condition féminine, État providence, syndicat fort). L’article principal notait que « depuis les années 1950, il n’y a eu aucune création nette d’emplois dans le secteur privé, le million de créations nettes ayant été fait dans le secteur public. (la source est patronale).
L’auteur de l’article en concluait qu’il fallait réfléchir à deux fois avant de démanteler le modèle. Et pourtant, à partir d’un tel constat ou pourrait dire absolument le contraire. Le modèle ne bride t-il pas l’entreprise privée au point qu’elle ne crée pas d’emploi ? Est il possible de faire croître indéfiniment le seul secteur public, au point d’arriver à des prélèvements obligatoires insensés, comme pourrait le faire penser l’exemple de Astrid Lindgren ?
En réalité, toute la difficulté, comme chaque fois que l’on est devant de tels faits bruts, est de comprendre l’enchevêtrement des causes et effets. Par exemple, si le privé est concentré sur l’agriculture et l’industrie et que la grande majorité des services sont publics, il est normal que ce soit le public qui crée des emplois, mais l’analyse réelle consiste à dire que les services, parce qu’ils connaissent des progrès de productivité plus faibles que les autres secteurs, prennent une part de plus en plus grande dans l’emploi, comme dans tous les pays développés. On me laissera faire l’hypothèse que c’est la principale raison.
On peut aussi voir l’effet de choix collectifs pour développer les services publics, mais à mon sens, l’effet sur l’emploi de ces choix réels est du au phénomène que j’indique précédemment. Phénomène qui explique à lui tout seul les difficultés des États providence européens.
Mais je m’égare !
Pour revenir au modèle Suédois, ce n’est pas forcément les exploits économiques qui en constituent l’élément le plus important (encore qu’il ne faut pas les négliger car ils permettent aussi le reste).
Le plus positif dans ce qu’on peut qualifier, au-delà, de la Suède, de social démocratie scandinave, ce sont les caractéristiques de vivre ensemble, qui placent régulièrement ces pays en tête des classements.
En tête pour les taux d’homicides (09 pour 100 000 habitants contre 14 en France
En tête pour la place donnée aux femmes
En tête pour la confiance dans les institutions et à l’égard de leurs concitoyens
En tête pour le respect des règles communes par les élus
En tête pour l’aide au développement du reste de la planète
Etc. !
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