Une erreur dans le calcul de l’intéressement nous donne l’occasion de connaître le montant de ce qui est attribué aux plus bas salaires de la branche pétrole de l’entreprise, soit 5000 euros au titre de l’année 2009, somme qui vient s’ajouter à des salaires mensuels non négligeables.
Les entreprises ont la faculté de mettre en place des accords d’intéressement aux résultats de l’entreprise, selon les modalités dont elles conviennent avec leurs syndicats. Les seules restrictions concerne le caractère collectif des mesures (pour que le patron ne puisse s’attribuer toute la somme) et le maximum distribuable, fixé à 20% de la masse salariale.
En effet, ces sommes ne supportent pratiquement pas de charge sociales et sont défiscalisées si elles sont placées sur un Plan d’Epargne Entreprise(PEE) pour au moins 5 ans (mais il y a de nombreuses possibilités de déblocage anticipé). Pour une somme de 100 euros distribuée par l’entreprise sous la forme de salaire, un salarié touche souvent au final moins de 50 euros, quand il en garde plus de 90 quand il les reçoit dans un mécanisme d’intéressement couplé à un PEE.
L’intéressement s’ajoute au système de participation, qui bénéficie des mêmes mécanisme fiscaux et sociaux, mais qui est obligatoire pour les entreprises de plus de cinquante salariés et qui est lui encadré par des règles précises, pour calculer la masse à distribuer, et pour répartir cette somme, l’accord pouvant prévoir une répartition uniforme ou proportionnelle aux salaires, ou un mixte des deux.
La formule généralement utilisée pour le calcul de la participation est R = 0.5 (B –0.05 C) MS/VA, où R est la réserve de participation, B le bénéfice, C les capitaux propres, MS la masse salariale, et VA la valeur ajoutée.
Dans l’activité fortement capitalistique qu’est le pétrole, MS/ VA est assez faible, mais le bénéfice par salarié peut être très important. Pour l’ensemble du groupe Total et ses presque 100 000 salariés, le bénéfice par salarié a fluctué ces derniers temps entre 80 et 120 000 euros. Mais une partie importante de ce résultat se fait à l’étranger dans les activités d’extraction : le bénéfice réalisé en France par salarié est sans doute nettement plus faible.
Il reste que le montant de la participation chez Total a sans doute était très correct lui aussi.
Les chiffres cités (5 000 euros pour les plus bas salaires et 7 300 euros pour les plus hauts) montrent que les signataires de l’accord d’intéressement on donné la plus grande part à la distribution uniforme de l’intéressement.
Il ne faut cependant pas se tromper sur ce qu’on peut appeler bas salaires chez Total. Ce n’est pas un hasard si le turn-over y est extrêmement faible (de l’ordre de 0,3% de départ par an hors retraites). Les salaires des administratifs sont très largement supérieurs au SMIC, et ceux des ouvriers du raffinage, marqués par les contraires horaires (7j/7 et 24h/24) encore plus élevés. En fait, il est probable que ces bas salaires que les commentateurs défendent âprement sur l’article de Libération, fassent partie des 10% des salariés les mieux payés du pays…
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