Les modifications au projet de loi sur les retraites proposées par Nicolas Sarkozy aux syndicats vont clairement dans le bon sens. Pas forcément celui des pseudos victimes mises en avant par certains opposants au projet, mais une partie de ceux qui sont l’objet d’une réelle injustice sociale. Une partie seulement
J’envisageais hier soir de faire un article à partir d’une tribune parue dans le Monde daté de ce jour, et signée d’économistes comme Éric Maurin de l’observatoire des inégalités, Michel Aglietta ou Thomas Picketty, mais aussi de Denis Clerc d’Alternatives économiques ou de François Chérèque.
Le sous titre (le projet du gouvernement accroît les injustices sociales et salariales) m’avait fait craindre le pire : le discours classique d’une grande partie des opposants qui veulent en réalité leur volonté de profiter au maximum de la solidarité des autres en partant en retraite le plus tôt possible.
Au lieu de nous parler des chômeurs et des seniors qui n’auraient plus d’emploi, la tribune visait les plus faibles, ceux qu’on ne voit ni n’entend guère dans les manifestations. D’abord ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans, ces fameuses carrières longues que la loi Fillon avait créé, obtenant ainsi l’aval d’une CFDT qui y a perdu des plumes mais gagné son honneur, quand tant d’autres montrent qu’ils n’en ont en réalité rien à faire.
Ensuite ceux qui ont eu une carrière incomplète : pas ceux qui ont connu du chômage et qui ont bénéficié des mesures prévues dans ce cas, mais ceux qui ont arrêté longuement de travailler, généralement pour élever leurs enfants, donc en clair des femmes.
L’article proposait aussi la convergence de tous les systèmes, ce qui devrait être évident pour toute personne sérieuse, mais qui heurte l’intérêt de trop de gros bataillons de syndicalistes.
Le gouvernement ne répond que partiellement à ces observations, mais ce qu’il fait va dans le bon sens.
La première mesure concerne en effet les carrières longues, mais il faudra voir dans le détail ce qu’il en est. Normalement ceux qui ont commencé avant 18 ans ne devraient pas être contraints de repousser au-delà de 60 ans l’ouverture de leurs droits à la retraite. Qu’en sera-t-il réellement ?
La seconde mesure concerne la pénibilité : il est proposé de baisser à 10% le seuil de l’incapacité permettant de partir à 60 ans. Il me semble qu’en deçà de ce niveau (et déjà de fait avec lui), on ouvre la porte à tous les abus et les trafics, et que malheureusement il faut aussi y penser quand on définit les règles. On sait que les déclarations sur l’honneur ont permis à trop de salariés d’entrer frauduleusement dans le régime des carrières longues.
La mesure sur les femmes fonctionnaires pourrait paradoxalement diminuer le coût immédiat de la réforme, si elle n’oblige pas les mères de 3 enfants à profiter impérativement du système dès cette année sous peine d’en perdre l’avantage
Par contre, rien pour celles qui ont eu des carrières incomplètes
A suivre !
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