On attend vainement des politiques qu’ils tiennent un discours sensé vis-à-vis de la délinquance et des jeunes. Ce matin, j’ai enfin entendu sur France Inter quelques phrases fortes et de qualité, mais elles venaient d’ailleurs, du monde du foot en l’occurrence.
Laurent Blanc, nouveau sélectionneur de l’équipe de France, était l’invité de la radio publique, et j’ai entendu ses réponses aux auditeurs. Deux remarques m’ont parues particulièrement heureuses, à condition de les prendre non pas séparément, mais ensemble.
La première remarque est venue
quand le journaliste a évoqué le cas de quelques jeunes très prometteurs quand
ils étaient espoirs, et dont on constate aujourd’hui qu’ils ont des hauts et
des bas. Tout en expliquant qu’il n’est pas surprenant qu’un jeune de 23 ou 24
ans fasse des bêtises (vous n’en avez pas fait vous ? dit il au
journaliste), l’entraîneur a noté que ces jeunes se retrouvaient d’un seul coup
avec tout (l’argent, la gloire etc.) et que personne ne leur disait « non »,
tout simplement, alors qu’ils en avaient besoin.
La deuxième remarque est venue quand le journaliste a évoqué « on a dit que c’est l’esprit des cités qui avaient envahi l’équipe de France ». Laurent Blanc a eu ce retour formidable : « mais les cités, à Paris, à Marseille ou à Lyon, ce n’est pas la France ? »
Si les politiques ont écouté la
radio au bon moment, ils comprendront peut être ce que pourrait leur dire tout
éducateur de qualité :
Effectivement, il faut savoir
dire et montrer dans les banlieues ou ailleurs qu’il y a des comportements qui
ne sont pas permis par la loi et qui doivent donc être sanctionnés : la
société doit savoir dire non.
Mais ce refus des pratiques et
comportements illégaux ne peut se traduire par le rejet, l’exclusion, la haine
de l’autre, comme si cet autre ne faisait pas partie de notre collectivité.
Quand Brice Hortefeux nous déclare qu’il doit faire respecter la loi et que
pour cela il doit exclure nommément des catégories de citoyens ou de résidents,
il nous trompe. Et quand certains hommes de gauche ne réagissent qu’en
condamnant l’exclusion et en appelant à la prévention, sans rappeler fortement
la nécessité de la loi, ils font eux aussi le jeu d’une certaine droite.
Il faudrait recruter une partie de nos responsables politiques chez les éducateurs !
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