De plus en plus de salariés pratiquent des horaires atypiques, ce qui se traduit par une désynchronisation au sein des couples concernés, alors que passer du temps ensemble est de plus en plus important pour la famille contemporaine.
Les dossiers de Sciences Humaines
donnent sur ce sujet la parole à Laurent Lesnard, sociologue auteur en 2009 de
« la famille désarticulée, les nouvelles contraintes de l’emploi du
temps ».
Celui-ci s’appuie sur les enquêtes « emploi du temps » menées par l’INSEE en 85/86 et en 98/99 (cette dernière enquête a fait l’objet en 2002 d’un numéro d’Economie et Statistique). Il en tire quatre grands types de journées conjugales :
La journée standard, qui ne concernerait plus que 44% des couples en 1999 contre 50% dans l’enquête précédente
Les journées longues, un cas sur dix où l’un des conjoints a des durées de travail supérieures à 10 heures
Les journées atypiques (18%) avec
soit des horaires décalés, soit des horaires postés, se traduisant par un
décalage important dans le couple
La journée partielle (16%) quand
un des conjoints est à temps partiel
Le sociologue explique ensuite
que :
La famille se caractérise de
moins en moins par le partage d’activités de production et de plus en plus par du
lien. « Passer du temps ensemble est de plus en plus important pour la
famille contemporaine ».
La désynchronisation conjugale
met à mal ce lien
Ce sont les classes sociales les
moins favorisées qui subissent le plus ce décalage, notamment parce que les
horaires ne sont pas choisis mais imposés par le marché du travail.
Que peut on en penser ?
Il est connu que le travail en
équipe a beaucoup augmenté depuis 30 ans, soit pour mieux utiliser les
équipements (dans l’industrie notamment), soit pour assurer de plus larges
périodes d’ouverture au public (dans divers services). Ces horaires non
standards concernent plus les salariés moyennement ou peu qualifiés.
Lors des négociations sur les 35 heures, il n’était pas rare de constater l’intérêt de quelques personnes pour des horaires atypiques. L’article note que parmi ceux qui peuvent organiser librement leurs horaires (un couple sur 10) 79% choisissent des horaires standard : les autres 21% correspondent à ces cas observés. La diversité des situations permet de donner des contre exemples réels, mais non généralisables, pour ceux qui veulent nier l’existence des problèmes soulevés par l’auteur.
Les horaires de travail atypiques
posent de gros problèmes aux mères isolées et on en voit les effets délétères
chez certains jeunes.
Une autre caractéristique des
horaires de travail est que ceux qui les vivent répugnent généralement à en
changer, parce qu’ils se sont organisés avec et que changer d’horaires, c’est
devoir réorganiser tout son mode de vie.
Ce qui amène à dire que l’une des plus grandes difficultés pour ceux qui vivent des horaires atypiques, c’est leur caractère imprévisible.
Les commentaires récents