Alors que le recul de la grippe permet à tous ceux qui le souhaitent de critiquer les choix faits par les autorités sanitaires, un ancien responsable interrogé par le Monde montre que seul la logique du débat démocratique permet de lutter contre les logiques de défiance.
Depuis trois semaines, le nombre
de nouveaux cas de grippe diminue dans notre pays ; Il en est de même dans
la plupart des autres pays développés. Il est de plus en plus probable (mais
pas encore certain) que la pandémie de grippe se sera révélée beaucoup moins
dangereuse qu’on ne l’a craint.
Il n’en faut pas plus pour
critiquer les choix faits par le gouvernement et les autorités sanitaires sur
le sujet, que ce soit le nombre de vaccins achetés ou la politique de vaccination.
Une de mes collègues me disait ce soir avoir entendue une responsable de la
lutte contre la grippe expliquer que le choix de revendre les doses
excédentaires était une adaptation d’un dispositif qu’on avait toujours pensé
adaptable. Pour ma collègue, la responsable essayait en fait de masquer les
erreurs initiales, mais n’était pas du tout convaincante.
William Dab, ancien directeur général de la santé met dans le Monde le doigt sur la véritable erreur faite par le gouvernement : « il a manqué des instances de débat sur les incertitudes et leurs implications ».
La situation à laquelle était
confronté notre pays, comme tous les autres, était celle d’un risque difficile
à évaluer mais potentiellement redoutable : « Il faut d'abord
reconnaître que ce type de menace est difficile à gérer. La seule chose
constante avec le virus de la grippe est son imprévisibilité. Dès lors, on fait
face à de grandes incertitudes sur la réalité du risque, son ampleur ou
l'efficacité des moyens de prévention. »
Les autorités auraient pu dire il y 8 ou 10 mois : nous faisons face à une menace que nous connaissons mal. Il y a un risque que nous mesurons mal (2, 5, 10, 30% de probabilités ?) que la grippe qui arrive ne tue pas seulement comme chaque année quelques centaines ou milliers de français fragilisés par le grand âge mais aussi des milliers de gens jeunes et en bonne santé. Quelles solutions sont possible et que choisissons nous ?
Le professeur Dab explique qu’il
existe une instance pour discuter ces questions, qu’on aurait pu organiser
largement le débat.
Je ne sais pas si cela aurait
suffit, mais apparemment , le gouvernement a préféré la voie de la décision
technocratique, globalement autour de choix de prudence.
Les morts jeunes se comptent finalement en dizaines et non en milliers. Et la méfiance vis-à-vis des autorités, déjà faible à la suite des événements précédents (sang contaminé, vache folle, canicule) n’a fait qu’augmenter.
Le référendum de 2005 nous avait déjà montré que les français ne font
plus confiance aux décisions des experts.
Mais il semble que nos élites ne l’ont toujours pas compris.
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