Arte et la 5 consacraient il y a une quinzaine de jours chacune une émission qui posait la question de la compatibilité de la science avec la religion. La présence de Pascal Picq à la même heure sur les deux plateaux montrait qu’au moins une des deux émissions avait été enregistrée !
Je n’ai pas l’intention de refaire ici tout le débat sur les rapports entre science et religion. Ceux que cela intéresse trouveront sur Wikipédia un article très documenté et aux multiples renvois.
Sur l’un des plateaux était
présent un astrophysicien, suisse je crois, s’affirmant chrétien et à qui
l’animateur demandait s’il avait des difficultés à concilier sa foi et sa
science. En l’écoutant répondre tranquillement, je me disais que la remise en
cause par la science avait été une chance pour l’église catholique.
Cette réflexion était influencée
par le débat sur la 5 (oui, je zappais), qui abordait le créationnisme, avec
cette attitude parfois énervante dans les médias français vis à vis des
américains, signifiant « comment peuvent être si puérils ces américains,
ils devraient nous écouter, nous qui avons la sagesse innée ».
La remise en cause scientifique
des écrits bibliques à partir du 16ème siècle a en effet ouvert la
voie à une exégèse des textes qui en a fait ressortir non seulement la richesse
mais surtout le sens initial.
Vouloir faire des récits de la
bible des récits historiques, c’est non seulement se tromper sur la conception
de l’histoire en vogue en Palestine au moment où ils ont été écrits (vers le 7ème
siècle avant JC), mais c’est surtout passer à coté du message théologique voulu
par les auteurs.
J‘ai déjà écrit ce que j’avais
retenu des résultats de cette exégèse, et je n’y reviendrais pas. Je voudrais
simplement souligner à quel point la religion chrétienne a gagné dans
l’affaire.
Dans le débat sur le créationnisme, ce qui m’a frappé, c’est la similitude de la posture entre les créationnistes et les négationnistes des chambres à gaz, et d’une certaine manière des climato sceptiques. J’y reviendrais dans un autre article pour ne pas faire trop long
Il est banal de dire que la science explique le «comment » mais pas le pourquoi, ce qui laisse la place à ceux qui veulent ou croient voir la main de Dieu derrière la création, sans pour autant avoir une lecture littérale de la Bible.
La croyance en un Dieu créateur ou en la résurrection peut sembler ressortir de l’invraisemblable, mais après tout, ce que nous savons de l’univers n’a-t-il pas aussi un coté invraisemblable ou plutôt difficile à imaginer ?
Qu’est ce qui est le plus
inimaginable, de penser qu’avant le big bang il n’y a rien ou de penser que la
notion même d’avant le big bang n’a aucun sens, le temps démarrant au moment du
big bang (j’arrête tout de suite, je vais avoir mal à la tête !) ?
On comprend donc qu’à l’instar de
l’astrophysicien présent sur le plateau d’ARTE, ou de Françoise Dolto, il puisse y avoir d’éminents chercheurs qui
croient en Dieu.
Les juges de Galilée défendaient
le géocentrisme (la terre est le centre de l’univers) contre l’héliocentrisme
(elle tourne autour du soleil) car ils voyaient dans la première théorie une
confirmation du rôle central de l’humanité.
Que diraient ils face à l’affirmation (qui était déjà en partie celle de Giordano Bruno) que l’univers est composé de milliards d’étoiles et que notre terre n’est qu’un point minuscule dans l’univers ? Un Dieu créateur d’un si immense univers peut il s’intéresser à une humanité aussi peu importante ?
Il n’y a évidemment pas de
réponse. Et pour l’instant, la science ne permet pas de trancher entre la
réalité ou non d’un Dieu.
Ma conviction personnelle(ma
croyance) est que la foi chrétienne est incompatible, non seulement avec une
preuve scientifique de l’inexistence de Dieu (ce qui est évident) mais aussi
avec une preuve scientifique de son existence. Le Dieu de l’Evangile nous
laisse libre de croire en lui, une preuve scientifique serait une atteinte à
cette liberté.
Je me souviens d’un prêtre, quand
j’étais en terminale, qui voyait dans le suaire de Turin et dans les anomalies
qu’il présentait le signe qu’il s’agissait effectivement du linge qui avait
recueilli le Christ. Ma conviction était autre : il ne pouvait être prouvé
qu’il s’agissait du vrai suaire.
La liberté laissée par Dieu comprend aussi celle de penser que Jésus n’a jamais existé ou n’est pas mort sur la croix (de toutes façons, il parait difficile de prouver qu’il est ressuscité !). Depuis, on a prouvé que le tissu date du XII ème siècle, ce que je trouve personnellement plutôt conforme à l’image que je me fais du Dieu de Jésus.
Heureusement, il n’est pas nécessaire de choisir entre science et religion !
Les commentaires récents