L’entreprise peut elle demander à ses salariés de mieux contrôler leurs émotions, et les former pour cela ? Peut être faut il poser la question autrement et examiner à quelles conditions elle peut le faire.
Je participais la semaine dernière à une séance sur la gestion des conflits. En pratique, il avait été décidé d’une formation sur le sujet et l’animateur devait présenter le contenu de la formation au comité de pilotage. La séance mélangeait présentation des concepts et mise en œuvre de quelques uns des exercices qui étaient prévu dans la formation.
Pour
démarrer la séance, l’animateur a proposé un exercice qui finit par devenir
classique : demander aux participants de se présenter mutuellement deux
par deux (ce qui suppose un temps de préparation de chaque binôme) avec ici une
consigne précise : présenter à travers ce que la personne aime faire en
dehors du travail.
La présentation s’est déroulée dans une ambiance bon enfant, mais arrivé au dernier binôme, l’une des personnes a expliqué que chacune des deux ne sentaient pas de faire une présentation personnelle, et qu’elles avaient donc décidé de faire jouer leur « droit de retrait ».
Le fait d’invoquer « un danger grave et imminent » dans cette situation, montre à quel point, pour certains, il n’est pas légitime d’empiéter sur des aspects personnels dans le travail, position parfaitement honorable et légitime, et que je comprends d’autant plus qu’au début de ma carrière, j’avais le même souci de bien séparer vie au travail et vie privée.
La demande a bien entendu été respectée,
ce qui n’a pas empêché les deux personnes concernées de s’impliquer
progressivement dans le groupe, et de participer à d’autres exercices ensuite
Le problème est que dans ce cas
précis, il paraissait difficile de traiter des problèmes rencontrés par les
destinataires de la formation sans leur proposer de se pencher sur leurs
émotions et leur apprendre à les maîtriser dans les conditions difficiles
rencontrées dans leur travail.
Dans ces conditions, la vraie
question est de savoir à quelles conditions est il possible de faire ce genre
de formation, qui amène les participants à se découvrir face aux
autres ?
On peut en voir plusieurs :
Sur le contenu d’abord : le
résultat de la formation serra t-il réellement utile aux formés ?
Sur les méthodes et l’éthique de
l’animateur : comment sont elles mises au service des personnes formées,
comment les respecte t-il en particulier dans les moments où il les entraîne à
se livrer devant les autres à travers les exercices ?
Sur les conditions de participations des membres du groupe, la confidentialité de ce qui est dit dans le groupe
Le fait que l’inscription à la
formation soit réellement basée sur le volontariat me parait un point clé.
L’animateur fait ici le pari que si les premiers volontaires sont satisfaits,
s’ils trouvent des réponses concrètes à leurs difficulté, le bouche à oreille
fonctionnera et que 95% des personnes concernées auront à terme été volontaires
pour se former.
Reste à s’assurer que toutes les formations qui impliquent fortement les participants dans leur comportement (et il y en a probablement de plus en plus) respectent ces conditions !
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