On parle depuis longtemps du développement de zone de non droit, on finit par en voir sous nos yeux. La fusillade qui a fait deux morts en pleine rue à St Ouen le 26 septembre a servi de révélateur d’une situation bien dégradée depuis quelques mois
Déjà le 13 juillet dernier, un
jeune homme avait été abattu dans cette ville à la suite d’une fusillade entre
deux bandes rivales. Quelques temps plus tard, un incendie volontaire dans le
parking d’un immeuble avait provoqué des intoxications et l’évacuation d’une
centaine de personnes.
A l’origine de ces drames, un
trafic de drogue impliquant une centaine de personnes qui se comportent en pays
conquis, agissant au vu et au su de tous le monde.
On sait que ce genre d’économie
souterraine fait vivre des familles entières qui sont donc incitées à fermer
les yeux sur l’origine de l’argent fourni par les jeunes et à favoriser leur
trafic.
Ce qui se passe ici montre aussi que d’autres habitants des quartiers
concernés (encore qu’une partie des dealers n’habitent probablement pas la
ville) souffrent de la main mise de ces bandes sur leur quartier.
Je lisais ainsi sur une feuille
locale que pour empêcher la police de venir les poursuivre dans les hall
d’immeubles qu’ils squattent, certains n’avaient pas hésiter à poser sur la
porte de ces hall des verrous qui n’avaient bien sûr pas été demandés par les
bailleurs sociaux.
Au-delà des habitants qui ont
peur et ne sentent plus en sécurité, ce sont les agents municipaux et les
membres de l’Office public de l’habitat qui sont menacés car ils représentent
les autorités civiles : certains ont reçu des menaces physiques et
hésitent à rester.
Les politiques locaux ont rencontré à leur demande Brice Hortefeux pour réclamer une présence policière suffisante. Gageons qu’il y aura une action et espérons qu’elle aboutira. La question est de savoir si elle ne fera que déplacer le problème vers une ville voisine
La répression policière ne suffit
évidemment pas. Cette situation, qui frappe une ville toute proche de Paris (aussi
parce que l’accès par métro est commode) est le résultat d’un délitement
progressif du vivre ensemble et de la confiance les uns dans les autres.
On peut y voir la conséquence de trente ans de chômage élevé. On peut aussi y voir la manifestation exacerbée de cette société de défiance, fruit de l’alliance de l’étatisme et du corporatisme, dont nous parlaient Algan et Cahuc
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