La reprise économique sera-t-elle forte dès l’année prochaine ou doit on s’attendre à plusieurs années de langueur ? L’écart accumulé par rapport à la croissance à long terme peut nous faire espérer une phase de rattrapage donc de croissance vive, comme en 1998/ 2000. Mais l’expérience des années 90 montre que ce rebond peut être retardé
La croissance à long terme ne dépend pas des aléas conjoncturels, mais du potentiel global de progression du système, influencé par les progrès de productivité, les innovations techniques, le progrès des compétences disponibles etc.
En fonction des variations de la conjoncture économique, la production du pays va venir buter sur le maximal possible lors des points hauts et s’en écarter provisoirement lors des points bas. Dans les points hauts, on observe des mécanismes de surchauffe (manque de compétences dans certains domaines, inflation etc.). Dans les points bas, tout se passe comme si l’écart avec le potentiel accumulé produisait une force de rappel tirant l’économie vers le haut.
Si ce potentiel est par exemple de 3% par an et qu’il y a deux années à 1%, il y a un écart de 4% (2 fois 3-1) qui s’est accumulé. Ces 4 points viendront s’ajouter à un moment donné aux 3% annuels, par exemple à travers 4 années à 4% (4 fois 4-3)
Dans le cas de la France,
l’examen des résultats sur une vingtaine d’années montre une croissance à long
terme d’à peine 2% par an.
Entre le premier trimestre 2008 (qui était semble t-il au plus haut) et le premier trimestre 2009, le recul du PIB a été de 3.7%, ce qui comparé à une tendance de progression de 2% par an représente un écart de 5.7% qui devrait être comblé dans les prochaines années ; Combiné à l’importance du dé stockage dans le recul de la production cet hiver, il y a de quoi penser que la reprise pourrait être vive
L’examen du passé pousse pourtant à la prudence. De 1990 à 1993, un retard de 5.7% s’était également accumulé (provoquant une sévère défaite des socialistes alors au pouvoir). Or si l’année 94 connut une certaine reprise, celle-ci avorta en 95/96 et l’écart était monté à 6.6% début 1997, ce qui explique la vigueur de la reprise qui a suivi.
Se trouve t-on en 1997 ou en 1994 ? Va-t-on connaître une franche reprise ou une petite reprise suivie d’une rechute, la relance franche n’arrivant qu’en 2012 ou plus tard ?
Pour répondre à cette question, il faut se demander ce qui a cassé la reprise en 1994. A cette époque, la désinflation était durablement installée en France, résultat d’une politique initiée par Delors et Mauroy en 1983 et maintenue par leurs successeurs. Mais les taux d’intérêt à court comme à long terme restaient très élevés. Après une baisse en 1993, ils étaient repartis à la hausse. JC Fitoussi avait cette fois là raison quand il reprochait une politique macro économique (budget et taux) trop peu conciliante.
La situation a changé de tout au tout dans ce domaine, avec un déficit budgétaire élevé et des taux à court terme extrêmement bas. Ces données plaident donc pour une reprise plus rapide qu’en 1994. Nous avons par contre aujourd’hui deux facteurs défavorables : un euro fort et un baril cher.
Je parierais donc, contre la plupart des conjoncturistes, pour une reprise vigoureuse en 2010.
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