Mes vacances ont été comme souvent propices à la lecture, celle du journal, de romans policiers ou de bandes dessinées, mais aussi de quelques livres plus sérieux. Plusieurs de mes discussions ou réflexions au printemps avaient porté sur le rapport entre l’homme et la société, et notamment sur l’idée de JJ Rousseau sur la question : je voulais creuser ce thème.
Je crois n’avoir jamais partagé le point de vue du philosophe, selon lequel l’homme est bon au départ, la société étant la cause de tous ces maux. Je rencontre pourtant autour de moi des gens qui en sont persuadés. Ma méfiance a été accentuée par les idées développées par Rosanvallon, selon lesquelles l’idée Rousseauiste de l’unité du peuple ouvre la voie a une conception dictatoriale de la démocratie, telle qu’elle apparaît sous la Terreur puis dans les démocraties populaires. Je me sens plus proche de Voltaire qui me parait un précurseur du pluralisme et de la défense des libertés individuelles.
Tout cela est bien beau, mais je n’avais jamais lu sérieusement Rousseau ! J’ai donc acheté deux de ses ouvrages qui me semblaient correspondre à ma réflexion (Du Contrat social et le Discours sur l’origine et le fondement des inégalités). J’ai aussi acheté le "Traité sur la tolérance" de Voltaire.
Un de mes amis, à qui je faisais part de mes réflexions m’a conseillé un auteur que je ne connaissais pas, René Girard, et l’un de ses ouvrages les plus connu, « la violence et le sacré », que je me suis empressé d’acheter.
Les premiers chapitres m’ont incité à me tourner vers le point de vue des paléo anthropologues et des spécialistes des primates, les deux tomes de « aux origines de l’humanité » de Coppens et Picq, que j’ai lu lors de leur sortie en 2001, m’ayant beaucoup intéressé. Un article du Monde m’a conduit à un livre très récent de Picq et Brenot, « le sexe, l’homme et l’évolution », qui se lit très facilement et correspond exactement à ce que je cherchais.
L’article du Monde citait aussi un livre de Jared Diamond, « le troisième chimpanzé ». Jared Diamond est un biologiste américain et écologiste militant. Il a écrit un ouvrage, l’Effondrement, que je possède, sur les exemples d’effondrement écologique lié à l’homme (l’île de Pâques par exemple) ainsi qu’un autre sur l’inégalité entre les sociétés. En feuilletant ce dernier, j’ai pu voir qu’il développe l’idée que la révolution du néolithique a favorisé l’Eurasie parce que le nombre d’espèces de plantes ou d’animaux domesticables y était plus important, et que l’orientation générale Est Ouest du continent facilite la propagation de cette domestication, contrairement à l’orientation Nord Sud (donc qui change les climats) des autres continents. Ayant déjà compris cette idée développée par Daniel Cohen en quelques pages, j’ai renoncé aux centaines de pages consacrées par Diamond pour le dire de manière plus détaillée !
La quatrième de couverture du Troisième Chimpanzé montrait que l’auteur revenait dans son livre sur les thèses présentées dans l’Effondrement (qui est en fait postérieur) et sur le fait que l’homme peut se détruire, comme il l’a fait des néanderthaliens. Ce dernier point n’étant absolument pas démontré, j’a renoncé à mon achat. De toutes manières, P Picq cite le Troisième Chimpanzé.
Pour revenir à Rousseau, mon désaccord, renforcé par la découverte de l’idée néfaste de peuple- un, reposait sur deux convictions. D’abord celle que l’homme est un être social, au point qu’il n’existe pas comme tel en dehors de la société : dire qu’il est bon en dehors de celle-ci n’a donc pas de sens. Ensuite, je pense que nous avons dès le départ des aptitudes au mal et au bien. Le fait de ne pas le reconnaître risque de conduire à une interprétation très dangereuse : je suis bon et ce sont les autres qui dysfonctionnent, je suis donc légitime à leur imposer les changements que j’estime nécessaires. Je voulais vérifier si JJ Rousseau induisait ou non ces idées, comme celle de peuple un.
Comme il n’y a rien de mieux pour s’approprier un livre que d’en faire un retour écrit et que l’existence de ce blog montre mon plaisir à assommer mes semblables de mes réflexions, je me permettrais dans les jours qui viennent de les exposer dans plusieurs articles
Disons tout de suite que la lecture de Rousseau ne m’a guère fait changer d’avis global sur lui mais que j’ai découvert des choses que j’ignorais. Les ouvrages respectifs de Girard et Picq m’ont passionné.
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