Le vote de ce jour a montré le bien fondé de la définition habituelle de l’urne dans les mots croisés : boîte à surprise. Si celle-ci est plutôt bonne pour les conservateurs européens en général, ou pour les Verts allemands ou français, elle l’est beaucoup moins chez nous pour le PS et le Modem, ce dernier étant largement en deçà de ce que lui promettaient encore il y a quelques jours les sondages
Le parlement européen est un lieu où les socialistes et les conservateurs se mettent d’accord sur un compromis qu’ils finissent généralement par voter ensemble, alors que les députés communistes, souverainistes ou issus de l’extrême droite joignent leurs voix dans un refus du compromis trouvé par la majorité. En réalité, les clivages finaux ne sont pas droite gauche, mais pro contre anti européens.
A cet aune, il est intéressant d’évaluer le score obtenu par les partisans du oui et ceux du non. Si l’on admet que le PS, le Modem, l’UMP et la liste écologiste représentaient le oui,on notera que le cumul obtenu par les 4 listes est de près de 70%. Il est vrai que la liste verte comprenait des nonistes, comme la liste du PS. Mais les partisans UMP du non étaient sur une autre liste avec Dupont Saint Aignan ou de Villiers, et Mélenchon et quelques uns de ses amis nonistes avaient quitté le PS pour le front de gauche. Les règles électorales font que ces 70% en suffrages se traduiront par largement plus en sièges, compensant la présence de nonistes parmi les listes précitées.
En effet, avec une circonscription au niveau national, comme s’était le cas il y a 20 ans, la division entre le Front National et Libertas, entre le Front de Gauche et le NPA, à condition qu’aucune liste ne passe sous les 5%, n’aurait guère eu de conséquences. Avec 8 circonscriptions, la division est désastreuse. Ce n’est pas un hasard : la posture idéologique des extrêmes fait qu’ils sont naturellement divisés. Tant mieux pour ce que la France enverra au parlement Européen.
La liste Europe Ecologie fait donc presque 10 fois plus que Dominique Voynet il y a deux ans. Cela montre à la fois la dimension du succès obtenu et que celui ne sera pas forcément durable. Le succès est bien sûr autant sinon plus lié à l’échec du PS et du Modem qu’aux qualités propres de la liste. On se réjouira cependant qu’il ait eu lieu sur une logique ouvertement européenne, quand Bayrou (comme il l’a reconnu) privilégiait le discours national.
L’échec du PS sera probablement montré par les amis de Ségolène Royal (que Jules voit comme grand vainqueur) comme un échec de Martine Aubry. C’est pourtant d’abord le résultat de la division du PS, quand les écologistes ont su s’unir. Il ne reste que 3 ans au PS pour préparer une alternative crédible lors de la présidentielle. On finit par se demander s’il en est encore capable.
Le Modem est donc nettement au dessous de ce que prévoyait les sondages. Ceux-ci le surestimait ils contrairement à ce que disait F Bayrou, ou la baisse est elle la conséquence de sa dispute avec Dany ? Peut être un peu des deux. En tous les cas, le rêve de préparer la victoire en 2012 en a pris un gros coup dans l’aile, après les échecs des législatives et des municipales.
Pour finir, le fait que le front de Gauche dépasse nettement le NPA me parait une bonne nouvelle. Comme le bas niveau des scores du FN et de Libertas
La mauvaise nouvelle est bien sûr le taux d’abstention. Mais comment le reprocher quand moi-même j’ai failli changer d’avis dans l’isoloir !
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