Ali Khamenei, guide de la Révolution, a 70 ans. Rafsandjani a 75 ans. Moussavi, a 68 ans. L’ayatollah Montazéri, dauphin présumé de Khomeini, a 87 ans. Karroubi, autre candidat à la présidentielle, a 70 ans. La président sortant Ahmadinejad, avec ses 53 ans seulement, fait figure de jeunot. La génération née entre 1980 et 1990 devrait pourtant à terme dominer l’Iran par sa masse.
Trente ans après la révolution islamique, les leaders apparus à ce moment là continuent à dominer la vie politique iranienne. Un peu comme la génération socialiste montée dans les années 70, arrivée au pouvoir en 1981, et qui s’y est accrochée pendant longtemps.
Cette situation peut être jugée conforme à la tradition patriarcale du pays. Encore que la révolution avait conduit de fait à remettre pour un temps en cause cette logique.
La démographie en forte évolution du pays va marquer la place que prendront demain les générations. La diminution de la mortalité notamment infantile, couplée à une forte fécondité, s’est traduite par une forte augmentation de la population, passée de 10 à 70 millions au 20ème siècle. Les générations les plus jeunes étaient donc les plus nombreuses.
Dans la population en âge de travailler (es 15/64 ans), les plus jeunes sont donc les plus nombreux comme le montre le tableau suivant, qui donne la part de chaque génération dans le total
Age |
15/24 ans |
25/34 ans |
35/44 ans |
45/54 ans |
55/64 ans |
% du total |
39 |
26 |
17 |
13 |
6 |
Le jeune âge des deux générations les plus jeunes ne leur permet sans doute pas de tenir les rênes les plus importants, ni même les positions intermédiaires hautes, malgré leur poids important dans le total (près des deux tiers des effectifs). Mais la faiblesse en nombre des générations les plus âgées se traduit forcément par une montée assez rapide en responsabilité. Comme la génération du baby boom en France dans les années 70/ 80, la génération qui a actuellement entre 30 et 35 ans a vocation à prendre des places importantes.
Cependant, le taux de fécondité s’est effondré, conduisant à une diminution des naissances à partie de 1990, comme le montre la pyramide des âges.
La répartition par tranche d’âge va donc évoluer. Pour se projeter sur les prochaines décennies, il faut faire des hypothèses sur les naissances dans les 15 prochaines années. Elles devraient légèrement augmenter, sous la conjugaison d’une continuation probable de la baisse de la fécondité (mais comme elle est déjà autour de 2 enfants par femme, elle ne peut plus guère diminuer) et d’une augmentation du nombre de femmes en âge de procréer. Dans 15 ans, la pyramide des âges de l’Iran pourrait ressembler assez fortement à la pyramide des âges actuelle… de la Chine ! Du moins dans la forme générale en bas, les évolutions iraniennes étant plus accentuées que les évolutions chinoises. Il est ainsi peu probable que le nombre de naissances retrouve le niveau des années 80/90.
Age |
15/24 ans |
25/34 ans |
35/44 ans |
45/54 ans |
55/64 ans |
2005 |
39 |
26 |
17 |
13 |
6 |
2015 |
26 |
32 |
21 |
13 |
9 |
2025 |
21 |
23 |
28 |
18 |
11 |
2035 |
21 |
19 |
20 |
24 |
16 |
Dans les prochaines années, la génération née entre 1980 et 1990 va prendre progressivement les places, en profitant du relativement faible effectif des générations précédentes. Puis, comme cela a été le cas en France avec la génération du début du baby boom, elle va s’accrocher à ces places et imposer ses intérêts. En 2035, les 45/65 ans représenteront 40% des effectifs en âge de travailler, soit plus du double d’aujourd’hui (19%). En réalité, ce sont les générations nées entre 1990 et 2010 qui auront beaucoup de mal à faire leur place, les suivantes étant sans doute mieux placées.
La comparaison avec la Chine est intéressante : là aussi, une génération d’anciens révolutionnaires s’est accroché longtemps au pouvoir. Là aussi la génération montante la plus nombreuse, celle qui avait 20 ans en 1989 a voulu secouer le pouvoir pour obtenir plus de libertés et elle a été muselée à Tien Anmen. Parmi les différences, on note le poids plus important des étudiants dans la population iranienne et surtout le poids démographique de la capitale : Téhéran représente plus de 12% de la population du pays, Pékin moins de 2% de la population chinoise.
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