Les commentaires économiques ont alterné ces derniers temps les perspectives les plus sombres avec la mise en valeur de signes encourageants. Le moment des retournements de tendances étant par nature difficile à prévoir, le Monde a trouvé bon de faire des Unes dans les deux sens à quelques jours de distance : quelque soit ce qui se passera, il pourra prétendre en avoir signalé les prévisions ou les signes avant coureurs.
Parmi les signes positifs figurent aussi bien des éléments sensés préfigurer la tendance comme l’opinion des ménages ou celle des chefs d’entreprises, que d’autres plus concrets comme une certaine reprise dans les ventes d’automobiles(déjà retombée), en raison principalement des primes à la casse en Allemagne ou en France. La Bourse a été sensible à tous ces signes positifs au point de s’offrir un petit rallye à la hausse pendant les mois de mars et avril : +25% !.
Face à ce petit vent d’optimisme, les prévisions du FMI ont fait l’effet d’un retour glacial à la réalité. L’année 2009 sera celle d’une récession mondiale, à un niveau inconnu depuis la crise de 1929. La reprise pourrait arriver très timidement en 2010. On imagine assez bien ce que cela représente comme chômeurs supplémentaires, dans le monde en général et notre pays en particulier.
Un blogueur célèbre, qui a rejoint il y a peu la direction de la prévision à Bercy, me disait lors de la récente République des Blogs que cette instance voyait maintenant le début de la reprise au quatrième trimestre seulement. On en est là bas à guetter les signes d’infléchissement de la chute, à noter par exemple que l’accroissement du chômage a été plus limité en mars que dans les mois précédents.
En réalité, la question majeure est de savoir si la crise financière est passée ou non. Dans le premier cas, le risque de collapsus et de défaillance systémique existe toujours. Dans le second cas, la question est de savoir quand et à quelle vitesse se fera le retournement. On trouve semble t-il de moins en moins de prophètes de la première hypothèse. Par contre les économistes semblent partagés entre les optimistes qui voient une reprise dans quelques trimestres et ceux qui annoncent une période de vaches maigres qui pourrait durer 10 ans, comme cela a été le cas au Japon dans les années 80/9O.
On comprendra que si l’industrie est particulièrement et très fortement touchée par la crise, c’est toujours la situation des banques qui retient l’attention. Certaines d’entre elles ont annoncé de bons résultats trimestriels. Les avantages que leur procurent des taux d’intérêts très bas expliquent en partie ces gains. Mais ce qui fait la différence, c’est bien sûr le niveau des pertes sur actif, ou au moins des provisions passées à ce sujet. L’article de Libération sur la Société Générale lundi dernier a montré que dans ce domaine la confiance n’était pas revenue. Il existe toujours dans le bilan des banques des actifs dont la valeur n’est pas vraiment mesurable et donc qui sont susceptibles de générer encore des pertes importantes. Et à l’échelon mondial, c’est par milliers de milliards de dollars ou d’euros que l’on compte les pertes potentielles, ce qui ne se comble pas en quelques jours !
Conclusion ? Avouons le clairement : on ne sait pas ! Et c’est entre autres cette incertitude qui mine l’économie.
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