Le gouvernement semble ressortir le thème de la sécurité et de la délinquance, en raison de l’approche des élections dit l’opposition. Le risque est de voir une fois de plus le débat se focaliser sur des choix caricaturaux de tout répression ou tout prévention. Le sujet mérite pourtant mille fois mieux.
Qu’il faille faire de la prévention me parait une évidence, ce qui ne veut pas dire que toute action soit bonne pour peu qu’elle prétende se parer de ce titre. La question porte donc plutôt sur la légitimité ou non de la répression et sur la manière dont celle-ci est menée et cadrée.
Lire le blog d’Eolas permet de voir à quel point les gouvernements de droite se sont lancés depuis 2002 dans une folle production législative, remettant sans cesse sur le tapis le sujet de la sécurité, alors que l’encre des lois précédentes n’était pas encore sèche. La pratique « un fait divers = une loi » ne conduit évidemment pas à l’action durable dans ce domaine. La peine plancher en cas de récidive parait particulièrement inadaptée dans cet arsenal.
Cela ne signifie pas pour autant qu’on est entré dans le tout répression, ni surtout qu’il faille croire qu’on puisse compter uniquement sur la prévention, comme me le proposait assez naïvement une jeune collègue qui me parlait récemment des prisons pour mineurs. Je ne vois pas comment on peut faire appliquer les lois sans un mélange de carotte et de bâton, sans prévoir les sanctions en cas de non application. Il suffit pour s’en convaincre de sortir du sujet de la délinquance par atteinte contre les biens et les personnes.
Quelques exemples en vrac : 1% des entreprises sont passées aux 35 heures dans le cadre de la loi Aubry 1, et encore, parce qu’il était manifeste qu’il y aurait ensuite obligation. La multiplication des radars n’est pas pour rien dans la réduction de la vitesse au volant et la forte diminution des morts sur la route il y a quelques années. Les contrôles fiscaux participent à la bonne volonté du citoyen pour payer ses impôts.
Il est d’ailleurs étonnant que certains à gauche comme à droite, soient partisans de la répression sur certains sujets (sans doute pas les mêmes à droite et à gauche) mais pas sur d’autres !
L’une des caractéristiques d’un Etat de droit, c’est que la violence est interdite au citoyen et uniquement permise à des représentants de l’Etat, dans le cadre précis de la loi. Il n’est que de voir ce qui se passe dans les zones de non droit, là où domine la loi de la jungle ou la loi du gang, pour comprendre l’importance de cette caractéristique.
Ce qui précède ne signifie pas qu’il ne faut pas faire de la prévention, de l’encouragement, de la pédagogie. Au contraire bien sûr. J’ai la chance d’avoir une responsable hiérarchique directe de grande qualité, en particulier dans le domaine du management. Son management, c’est 95% de positif, de développement des compétences, d’encouragement, de soutien, mais c’est aussi une capacité à dire tranquillement quand cela ne va pas, de façon à éviter que cela ne se renouvelle.
Un des moyens de réduire la délinquance, est de lutter contre les causes qui participent à celle-ci, Le chômage en est bien sûr une. Cela ne signifie pas pour autant que tous les chômeurs n’ont d’autres choix que d’être délinquants. Ni que faire baisser le chômage fasse baisser automatiquement la délinquance. Si certains à gauche, emportés par le fait de pointer les causes sociales de la délinquance, ont pu le croire, ils ont été cruellement démentis. De 1997 à 2002,sous le gouvernement Jospin, qui a vu le chômage baisser de façon spectaculaire(700 000 chômeurs en moins) en raison d’une croissance économique vigoureuse, les atteintes volontaires à l’intégrité physique des personnes ont augmenté de 56% (elles ont encore augmenté de 16% de 2002 à 2006) alors que les atteintes aux biens ont augmenté de 14% (et diminué ensuite de 17%). Même si ces chiffres doivent être maniés avec prudence, ils indiquent une tendance claire, qui a malheureusement débouché sur la présence de Le Pen au second tour de la présidentielle.
Ce que j’ai pu constater dans le domaine de la sécurité du travail est qu’il s’agit d’un problème complexe, les accidents ayant généralement des causes multiples. L’expérience montre que ne s’attaquer qu’à une partie des causes n’est pas très efficace. Il y avait notamment à une période une certaine réticence à s’attaquer aux questions de comportement, et à privilégier les aspects matériels et organisationnels. Certaines entreprises, comme du Pont de Nemours, ont fait le choix de s’attaquer résolument à toutes les causes, en particulier les comportements, et ont obtenu des résultats spectaculaires.
S’attaquer aux comportements ne signifie pas qu’on délaisse les causes matérielles et organisationnelles : dans le cas de la délinquance, ces causes ont trait par exemple au chômage, à la concentration urbaine sans accès facile à la vie hors du groupe d’immeubles, au niveau scolaire faible qui ne donne guère de chances de trouver un travail lucratif, aux addictions diverses…
C’est peut être ainsi qu’on peut analyser les évolutions récentes concernant le traitement des mineurs en prison. Jusqu’à présent, ceux-ci étaient enfermés dans les maisons d’arrêt comme les majeurs, mais dans un quartier spécial. En dehors de cette caractéristique, les différences de traitement avec les majeurs étaient faibles.
Depuis peu ont été mis en place des établissements pour mineur, avec des moyens importants (les places ainsi créées ont été supprimées dans les maisons d’arrêts). Dans ces EPM interviennent, outre les surveillants, des éducateurs, des enseignants, des moniteurs de sport, du personnel médical. Cela reste bien sûr une prison, et certains ne se privent pas de dire que les mineurs ne devraient jamais aller en prison. Si on admet que malheureusement, on n’évite pas dans certains cas de devoir prendre cette mesure, la solution consistant à donner les moyens aux jeunes concernés d’essayer de s’en sortir, ne peut être écartée. Et dans ce domaine, il n’y a pas photo entre les quartiers mineurs et le les EPM. Evidemment, l’idée de faire de la prévention dans le lieu même de la répression ne va pas de soi !
Evidemment, on peut se dire qu’il vaudrait mieux avoir traité plus tôt
les problèmes d’analphabétisme ou de rejet du système scolaire, les problèmes
d’addictions, de refus de toutes règles, avant que les jeunes se retrouvent
dans cette situation. C’est bien sûr le rôle des parents, des centres sociaux,
de l’Education Nationale, de la PJJ et j’en passe. Mais même l’Education
Nationale a besoin pour tenir les établissements de pouvoir sanctionner ou
exclure un élève. Et s’il faut sans doute améliorer le filet, il faut aussi
prévoir ce qu’on fait pour ceux qui sont passés entre les mailles de celui
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