Les projets de recrutement des entreprises pour 2009 sont en recul de 23.8% par rapport à l’an passé, ce qui réduit les difficultés de recrutement attendues par les entreprises. Ce recul est cependant variable selon les secteurs mais aussi les régions. Ce sont bien entendu la construction et l’industrie qui souffrent le plus.
La plupart des résultats de l’enquête réalisée annuellement par le Crédoc pour l’UNEDIC (maintenant le pôle emploi) sont maintenant disponibles ici. On y trouve des résultats très détaillés, par métier et bassin d’emploi. L’enquête a été réalisée en novembre 2008 et reflète l’opinion des entreprises à ce moment là.
La synthèse proposée insiste évidemment sur la baisse du nombre de projets, mais aussi sur leur répartition différenciées : un recul de prés de moitié dans la construction et dans l’industrie manufacturière, alors que les services résistent beaucoup mieux avec une baisse limitée à 14%. Les métiers de fonctions sociales et médico sociales sont presque stables (-6%).
Le rapport France entière signale 7 métiers seulement pour lesquels les projets sont en augmentation d’une année sur l‘autre : curieusement, le métier qui progresse le plus en proportion est celui de marin pêcheur (+295 soit +17%) mais le montant est faible ; En volume le plus fort progrès concerne les employés de maison et assistantes maternelles (y c les aides à domicile avec 45809 projets soit + 3822. Le papy boom nous assure que cet tendance est durable.
Le recul est par contre particulièrement important pour les maçons qualifiés (-19 297 soit – 61%), les conducteurs routiers (conséquence du fort recul des échanges internationaux) (-15716 soit – 55 %) et les représentants ou VRP (-11 388 soit – 31%) mais aussi les ouvriers qualifiés de la mécanique (- 7618 soit – 50%) et la plupart des métiers du bâtiment ou du BTP qui reculent d’environ 50% chacun.
Le secteur le plus touché, ce n’est pas une surprise, est celui du matériel de transports (-72%) On notera que le chiffre absolu est faible (3298) : la diminution de l’emploi dans l’automobile n’est en fait pas une nouveauté. On constate aujourd’hui une accélération. De nouvelles annonces de PSE sont à attendre dans ce secteur dans les mois qui viennent.
On notera que le recul dans le secteur financier et l’assurance(-36% à –20898, avec quasiment le même taux dans les deux sous secteurs), s’il est plus élevé que la moyenne, n’est pas aussi catastrophique qu’on aurait pu l’imaginer. Il est vrai que ce sont les activités de trading qui chutent, la banque de détail n’évolue guère.
Si l’on observe maintenant les régions, celles qui souffrent le moins sont le Languedoc Roussillon, terre de service plus que d’industrie (-16.2%), l’Ile de France, (-17.8%)et la Basse Normandie (-20%). Les plus touchées sont le Limousin (-37.3%) le Poitou Charente (-35 ;6%)et la Picardie (-32.7%) . A noter que les projets étaient en hausse en Guadeloupe (+13.5%), ce qui peut expliquer l’existence d’une grève sur les salaires.
Quel impact sur le chômage en 2009 ? Si on raisonne à la louche, il y avait environ 420 000 recrutements et 400 000 sorties par mois en 2008. Une baisse de 23% des recrutements, conduirait à 80 000 chômeurs supplémentaires par mois, ce qui est le résultat de février, en ligne avec la tendance depuis quelques mois.
Cette tendance va-t-elle se poursuivre au même rythme, qui correspond à 1 million de chômeurs supplémentaires par an ? Il faut pour tenter de répondre à cette question faire le lien avec la conjoncture économique.
Le recul de 1.1% du PIB au quatrième trimestre (chiffre revu au 27 mars) devrait entraîner, à productivité inchangée, un recul identique de la population active, laquelle se situe autour de 28 millions de personnes dans notre pays. Soit un peu plus de 300 000 emplois supprimés. Prendre en compte une hausse annuelle de la productivité de 1.5% par an soit un peu moins de 0.4% par trimestre, rajouterait environ 100 000 emplois disparus. Les conséquences des évolutions démographiques sont actuellement assez faibles. En réalité, le nombre de chômeurs de catégorie 1 a augmenté de 187 000 sur la période, ce qui est la moitié du résultat attendu.
Ce chiffre révèle une assez forte capacité d’adaptation des entreprises à la conjoncture.
En effet le résultat attendu devait être corrigé de deux manières
D’abord, le temps partiel s’est fortement développé, ce qui traduit une baisse de la production sans suppression d’emplois pour un montant d’environ 40 000 emplois
Ensuite, les travailleurs indépendants ajustent de fait leur activité au marché, sans forcément que cela se traduise, au moins dans l’immédiat, par un changement des effectifs (lequel intervient ensuite par l’intermédiaire des faillites)
Mais on peut imaginer que l’adaptation qui ne s’est pas faite se fera dans les mois qui viennent.
A contrario, il est possible que le rythme de recul de l’activité diminue. Mon incurable optimisme m’incite à penser qu’après un mauvais premier trimestre, les deux suivants pourraient voir un recul très modéré, le quatrième pouvant être aussi bien marqué par une reprise que par un nouveau fort recul.
Dans ces conditions, le rythme d’augmentation du chômage pourrait revenir à 40 ou 50 000 par mois, voire un peu moins. Mais on comprendra que pour l’instant, tout cela relève de la boule de cristal
Seule conclusion positive de l’enquête ; s’il est plus difficile de trouver un travail, il faut répéter qu’il y a toujours des embauches
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