La rencontre de ce jour entre le président de la République et les principaux leaders syndicaux s’est traduite par des promesses de dépenses ciblées sur certaines catégories sociales. Elles visent certainement plus à calmer le jeu social ou à compenser les conséquences sociales de la crise qu’à agir sur celle-ci, par exemple par le biais d’une relance de la consommation.
Bien sûr, des mesures précises ont été promises, à destination des catégories les moins favorisées comme à une partie des classes moyenne, ainsi qu’à des catégories directement touchées par les crises (à travers les mesures sur le temps partiel par exemple). Mais leur montant total n’est pas de nature à produire un choc économique positif.
Je ne sais pas s’il existe des études économiques sur la question, mais il me semble que les mesures de relance, quelles qu’elles soient, n’ont pas forcément le même effet selon le moment du cycle conjoncturel choisi pour les mettre en œuvre. Cela est souvent répété concernant les actions qui arrivent trop tard, à un moment où la reprise est déjà là, donc à contre cycle
Il me semble que des actions peuvent aussi arriver trop tôt. J’imagine, mais c’est uniquement intuitif, qu’il en est de l’économie comme d’une balançoire
Si je donne une poussée sur la balançoire au moment où elle revient vers moi, ma poussée va aller à contre courant et ralentir le mouvement. Si je donne ma poussée au contraire au moment où la balançoire est arrêtée en bout de course ou est déjà en train de commencer à repartir, on sait que la poussée exercée va au contraire accélérer le mouvement.
Les banques centrales le savent bien, dont les actions pour casser la spéculation sont plus efficaces si elles sont mises en œuvre au moment où la spéculation commence à s’essouffler, où il y a un certain nombre d’acteurs qui pensent que les cours ne sont plus réalistes.
J’imagine qu’il en est de même pour une action de relance. Je pense qu’une action massive qui aurait eu lieu en novembre ou en décembre, n’aurait fait qu’un beau "plouf", et une « cartouche » aurait été gâchée, ne serait ce que parce que le mouvement de dé stockage ne faisait que commencer. Il n’en est évidemment pas de même des mesures prises sur l’investissement, qui ont été annoncées en fin d’année 2008 mais qui seront effectives en cours d’année 2009.
Evidemment, il est difficile de repérer le bon moment : il est probable que ce n’est pas encore maintenant mais bientôt, sans qu’on puisse dire si le bientôt est courant deuxième , troisième ou quatrième trimestre ; Je pencherais pour ma part plus sur le 3ème (voire le 4ème) que sur le 2ème. Nous n’avons sans doute pas touché le fond, le moment où un vigoureux coup de pied aide à repartir.
Il est par ailleurs probable que les relances dans notre pays seront d’autant plus efficaces qu’elles auront lieu en même temps que celles des autres, en particulier celles des USA qui sont tout juste en train d’être votées !
J’irais plus loin : je pense que les mesures de relance ne seront pas efficaces tant que les problèmes structurels des banques n’auront pas été traités. On a dans ce domaine l’exemple de l’histoire. Dans les années 80, les USA ont traité rapidement les problèmes de leurs caisses d’épargne. De son coté, le Japon, en dépensant massivement mais en ne traitant pas les actifs pourris des banques, a traîné la crise pendant 10 ans et n’a réussi qu’à accroître sa dette publique de manière énorme.
En attendant le bon moment, le gouvernement essaie de jouer la montre, de calmer le jeu social pour éviter les dérives. Mais clairement dans son discours, il s’agit d’une action sociale et non économique.
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