Taper sur les banques et les banquiers fait actuellement partie du registre préféré de ceux qui font profession de populisme, qui ne se gênent pas d’assener âneries et contrevérités puisque cela plait aux Français. Évidemment, François Bayrou et Ségolène Royal ne sont pas les derniers à ce jeu.
Je n’aime pas particulièrement les banques : je trouve qu’elles sont chères, qu’elles ont des services médiocres et que les conseillers sont généralement incompétents. Ce n’est pas une raison pour dire n’importe quoi à leur sujet, surtout quand on a rêvé et qu’on rêve encore à la magistrature suprême
Ségolène Royal s’est plainte ce matin sur RTL des taux élevés pratiqués par les banques pour le crédit à la consommation, alors qu’elles « ont été renflouées par le contribuable »
Je ne sais pas ce que l’ancienne candidate met derrière le vocable « renflouées » mais ce qu’on peut lui assurer, c’est que l’aide apportée par l’Etat n’a pas été supportée par le contribuable, puisqu’elle lui a plutôt rapporté de l’argent. La caution apportée pour rassurer les acteurs a atteint son but de débloquer le système mais n’a pas été dépensée. Le prêt de 10.5 milliards rapporte un taux supérieur à 8%, ce qui est largement supérieur au taux payé par l’Etat à ses créanciers. Et il semble que les principales banques françaises, à l’exception notable de Natixis et de ses propriétaires aient gagné de l’argent en 2008.
Mme Royal voudrait que l’Etat fixe des règles concernant le crédit au particulier. On peut se demander pourquoi les socialistes qui ont été longtemps au pouvoir depuis 30 ans ne l’ont pas fait. Ou rappeler que justement ils l’ont fait ! Si le taux maximal est limité depuis longtemps, les principales mesures prises par les gouvernements successifs ont consisté à obliger les banques à être beaucoup, beaucoup plus transparentes sur les tarifs et les taux pratiqués. Et j’avoue que je ne comprends pas si elle souhaite baisser les taux du crédit ou décourager les français à s’endetter de manière excessive.
François Bayrou enfourche un cheval de bataille du même genre dans Le Monde de ce soir. Il affirme qu’on sort des dizaines de milliards pour les banques « sans contreparties » (je ne sais pas comment il appelle alors les 8% évoqués plus haut ?) et poursuit en réclamant des postes d’administrateurs pour l’Etat, pour s’occuper de la rémunération des dirigeants (apparemment le gouvernement a obtenu que les dirigeants renoncent à leur bonus, parce qu’il fallait faire plaisir au bon peuple, sans passer par cette étape) et pour « le soutien au crédit ». Si F Bayrou connaît un peu comment marche un conseil d’administration, j’aimerais qu’il m’explique comment la présence d’un administrateur pourra changer dans ce domaine plus que la pression faite actuellement par le gouvernement. Mais s’il ne le sait pas, je peux lui révéler que les décisions de crédit aux particuliers ne se décident pas (heureusement, vous imaginez ? ) au niveau des conseils d’administration.
Mais après tout, peut être n’a t il pu en mémoire (ni lui ni S Royal) la dernière fois qu’une banque a été dirigée avec la volonté de faciliter l’accès au crédit. Vous vous souvenez, une banque dont le slogan était « le pouvoir de dire oui » et qui a fini par coûter 100 milliards au contribuable ? C’est même celui qui est aujourd’hui son principal conseiller en matière économique, Jean Peyrelevade, qui a eu la délicate tâche d’essayer de sauver l’entreprise ensuite.
En fait, si l’Etat devait exiger quelque chose des banques(et à mon avis il en a les moyens, ce n’est pas un problème d’avoir ou non un administrateur), c’est de faire le plus vite possible la vérité sur ses avoirs toxiques (sachant cependant que ce n’est pas facile et que la vraie limité est là), quitte ensuite à les aider à remettre leurs fonds propres à niveau. L’expérience du Japon a montré qu’on pouvait dépenser des centaines de milliards en aide à la consommation ou en grands travaux, cela ne sert à rien tant que la vérité n’a pas été faite sur les comptes des banques.
Il est vrai que pour dire des choses sensées sur les banques, il faudrait que F Bayrou comprenne le sujet ou écoute ceux de ses conseillers qui sont compétents. Mais il n’est pas réputé pour son aptitude au travail collectif…
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