Une de mes amies se désole de la manière dont nos députés ont pu se laisser influencer par le lobby électrique dans la discussion sur la baisse d’émission du CO2, suite au Grenelle de l’environnement.
Pour baisser l’émission de CO2, il est prévu de diminuer fortement la consommation d’énergie dans le chauffage des logements, à travers des normes ambitieuses d’isolation appliquées au neuf et à la rénovation, avec une application progressive (le durcissement des normes va se faire de manière progressive). Le renouvellement lent du parc immobilier fait évidemment que le changement prendra des décennies. Raison de plus pour s’y attaquer tout de suite.
EDF et AREVA, probablement efficacement soutenus par leurs amis corpsards des mines à Bercy, et apparemment plus puissants dans cette affaire que Bouygues ou Saint Gobain, ont trouvé des oreilles bienveillantes parmi les parlementaires pour proposer et voter un amendement prévoyant une mise en œuvre plus lente en cas de chauffage électrique. L‘argument mis en avant est que l’électricité étant d’origine nucléaire n’a pas exigé de CO2 pour sa production.
Pour ceux qui ont connu la diffusion du chauffage électrique dans les années 80, c’est une révolution : à l’époque on parlait d’isolation électrique pour expliquer que le plus faible coût d’installation d’un chauffage électrique (par rapport au fuel) permettait de payer un supplément d’isolation qui permettait de réduire la facture électrique.
Pour mon amie, l’affaire révèle un manque de culture des parlementaires, qui ne comprennent pas que le réseau transporte indifféremment de l’électricité produite à partir de nucléaire, de fuel ou de gaz : il n’y a pas d’électron nucléaire et d’électron pétrolier.
Je ne sais pas exactement ce qu’elle met derrière cette expression et je n’ai eu le temps d’en discuter plus, mais je vois bien ce qu’on peut objecter aux lobbyistes électrique
En France, une partie importante de l’électricité produite l’est à partir de centrales nucléaires. Mais celles-ci ne suffisent pas, en particulier quand la consommation est importante en hiver. On utilise donc aussi les barrages électriques et des centrales au fuel. Surtout, devant l’augmentation régulière de la consommation, on installe de plus en plus de turbines à gaz, qui ont l’avantage d’être assez peu chères à l’investissement et de pouvoir être rapidement démarrées ou arrêtées.
Le principe est donc de faire marcher les centrales nucléaires ne base, et de faire face à la variation de la consommation avec les autres moyens. Aujourd’hui que la consommation électrique augmente de manière assez nette, il faudrait peut être construire de nouvelles centrales nucléaires. En attendant, la production supplémentaire fait essentiellement appel au gaz. Le nucléaire peut couvrir plus de 75% de la production d’électricité, il ne couvre qu’une part faible de la production marginale. Economiser un peu d’énergie ou éviter d’en consommer plus, ce n’est pas toucher la production nucléaire, c’est toucher essentiellement la production gazière, donc à la production de CO2.
Si les parlementaires avaient un peu plus de culture scientifique, ils le sauraient évidemment. Mais après tout, les lobbyistes d’EDF le savent, eux !
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