Le capitalisme sortira une nouvelle fois de la crise et c’est le contribuable qui paiera nous dit Guillermo. C’est le bordel rajoute Stéphane Ménia. En fait, on ne comprend pas bien ce qui se passe en économie ces temps ci, sauf que ce n’est pas bon. Alors, si on révisait les données de base ?
Le bilan comptable d’une entreprise présente un équilibre entre
D’un coté ses actifs : ses biens immobiliers mais aussi les créances qu’elle a envers d’autres entités comme des factures à recevoir ou le montant de son compte en banque
De l’autre coté son passif, composé de fonds propres (capital social et bénéfices mis en réserves) d’emprunts (à plus ou moins long terme) et de dettes (envers ses fournisseurs en particulier).
L’entreprise (comme le particulier finalement) a donc le choix, pour financer son activité, d’utiliser des fonds propres ou des emprunts. Pour les financeurs, les prêts se font à taux garantis alors que les actions peuvent rapporter ou non, peu ou beaucoup. Le risque sur le capital est normalement plus élevé sur les actions que sur les prêts.
Une règle d’or de la finance est qu’il y a un lien direct entre le niveau de rentabilité attendu et le risque : les placements les moins risqués sont les moins rentables. Le taux d’intérêt payé par un créancier réputé est plus faible que celui payé par une entreprise qui va mal. Ce sont les Etats qui payent les intérêts les plus faibles, mais un Etat très endetté paiera plus cher qu’un Etat sans dette. L’euro a ainsi permis à un pays comme l’Italie de payer moins cher ses emprunts.
On peut voir les cycles financiers comme une alternance entre la recherche du rendement maximum et la recherche de la sécurité à tout prix, les périodes du premier cas étant plus longues que les seconds.
C’est ainsi que la mode depuis quelques lustres est de demander une rentabilité de 15% des fonds propres, ces résultats ayant été atteints et au-delà par quelques start up ayant particulièrement réussi, notamment dans le monde de l’informatique.
Mais n’est pas Google ou Microsoft qui veut : c’est Paul Samuelson je crois qui a montré que la rémunération des placements était à long terme égale au taux de croissance.
Mais tout se passe comme si les marchés avaient trouvé la solution par un tour de passe-passe : pendant quelques années, la bourse croît de 15% par an en moyenne, puis elle se paie un petit krach qui la fait baisser de 30 ou 50% et on repart de nouveau.
En moyenne sur longue période, la hausse est limitée mais il est vrai qu’en dehors des périodes de crise, la hausse est bien de 15% par an. Il « suffit « donc de retirer ses billes avant chaque krach. Evidemment, le fait que tout le monde veut les enlever en même temps augmente l’effet du krach, ….et redonne une marge de manœuvre au système !
Ce qui vaut pour les placements en actions vaut aussi pour les prêts : pour avoir un meilleur rendement, il « suffit « de prêter à des débiteurs moins fiables….jusqu’à ce qu’ils n’arrivent pas à rembourser ! C’est ainsi qu’on a eu les junks bonds (obligations pourries) et maintenant les subprimes.
Evidemment, c’est à la portée du premier banquier venu de savoir que s’il y a un taux d’intérêt élevé, c’est que le risque l’est aussi. Mais la pression de la concurrence pousse à afficher des résultats toujours plus beaux : il n’y a plus qu’à croiser les doigts et à espérer qu’on saura sortir du marché avant les autres !
Tout cela nous amène en effet aux banques : elles ont un métier particulier qui consiste à prêter aux emprunteurs l’argent que les autres clients déposent chez elles. Evidemment, si les emprunteurs ne remboursent pas, elles ne peuvent plus rendre aux clients leur argent. Il faut donc qu’elles aient aussi des fonds propres.
Mais elles sont bien sûr tenter de prêter un maximum. Si elles prêtent 10 fois leurs fonds propres avec un bénéfice de 3% sur les prêts, leur bénéfice sur fonds propres est de 3% fois 10 soit 30%. C’est ce qu’on appelle l’effet de levier.
Pour éviter les tentations d’abuser de cet effet de levier en prenant le risque de la faillite (et du non remboursement des clients), des règles prudentielles ont été instaurées pour éviter ces excès : les banques doivent avoir au moins 8% de fonds propres dans leur bilan. Bien entendu, ces règles prudentielles ne sont pas sorties du chapeau mais bien de crises dont on a voulu éviter le renouvellement.
Mais il n’y a pas que des banques de dépôt : il y a aussi des banques d’investissements. La vocation de celles-ci est notamment d’investir sur les marchés : la valeur de leurs actifs est par nature variable. Des règles prudentielles leurs sont également appliquées (depuis que LTCM a failli faire effondrer le système ?). Le problème est de trouver des règles efficaces.
En effet, la tentation est ici la même que pour les banques de dépôt : investir plus que ses fonds propres en utilisant l’effet de levier du crédit. Une baisse de la bourse, si elle est importante, peut conduire une de ces banques a voir l’ensemble de ses fonds propres réduits à zéro.
Une banque fera donc faillite si l’ensemble de ses fonds propres sont mangés par ses pertes. Elle ne pourra alors pas rembourser toutes ses dettes. Mais elle en remboursera une partie. Or ses créanciers, faute de savoir quelle part de la dette sera remboursée, sont obligés de fait de sur provisionner leur créance. On peut donc avoir un effet de domino, la faillite d’une banque en entraînant une autre. Les banques centrales sont alors obligés d’intervenir comme on vient de le voir.
Or une des caractéristiques des marchés financiers est de sur réagir à un événement, puis à corriger dans le temps pour trouver un équilibre correct. On l’a vu récemment avec les variations du cours du pétrole.
Dans une période de crise, la crainte des investisseurs les conduit à se détourner des actifs risqués pour se réfugier vers les plus sûrs : la prime au risque augmente, les créanciers exigeant des intérêts très élevés pour les débiteurs les plus risqués ou refusant de leur prêter.
Les interventions des banques centrales consistent d’abord à fournir du crédit à ceux qui n’en obtiennent plus (comme le FMI prête aux pays qui ne trouvent plus de créanciers). En évitant aussi la faillite de grandes institutions, elles redonnent un peu de confiance aux investisseurs qui baissent la prime de risque, ce qui fait monter la valeur des actifs. C’est ce que nous avons vécu vendredi, avec probablement une sur réaction à la hausse, à la hauteur des sur réactions à la baisse qui ont précédé.
Jusqu’à la prochaine fois.
Les commentaires récents