Faut il protéger les salariés contre eux même et contre la tentation qu’ils pourraient avoir de travailler trop ? Cette question s’est posée cette semaine au gouvernement, comme elle peut se poser dans le quotidien des cadres.
Le gouvernement veut faire sauter la limite du nombre d’heures supplémentaires autorisées dans la fonction publique. Je suis curieux de voir comment vont réagir les syndicats de la fonction publique et les partis de gauche mais je ne serais pas surpris qu’ils ne disent rien.
Alors que la loi Aubry s’appuyait sur un contingent d’heures supplémentaires limité à 130 heures par an dans le code du travail pour passer réellement en dessous de 39 heures, le gouvernement socialiste a renouvelé fin 2000 la circulaire de 95 qui limitait à 432 heures (36 par mois ou 108 par trimestre) le nombre d’heures supplémentaires autorisées dans la fonction publique. Dit autrement, on ne pouvait faire plus de 38 heures par semaine en moyenne annuelle dans le privé mais 43 heures si on était fonctionnaire. La limite dans le code du travail a été augmentée plusieurs fois (à 180 et 220 heures notamment) mais ce que va faire le gouvernement (je suppose par circulaire) c’est de faire sauter les 432 heures de la fonction publique. Apparemment, la limite hebdomadaire de 65 heures par semaine (48 heures dans le code du travail) est maintenue.
Une étude demandée par le CHSCT dans une entreprise filiale d’un groupe multinational a souligné la différence de comportement des français par rapport à nos voisins d’Europe du Nord : ces derniers n’acceptent pas les demandes managériales qui les poussent à allonger leur durée de travail alors que les français ne sauraient pas dire non : l’autonomie des cadres peut alors se traduire par de longues journées. Dans certaines entreprises, en particulier dans le conseil, il est de bon ton d’envoyer des mails à minuit ou 3 heures du matin, histoire de montrer qu’on ne compte pas ses heures.
Ce CHSCT voudrait protéger les salariés contre leurs propres dérives. Le gouvernement a tranché dans un autre sens, considérant que c’est au salarié de choisir. Mon expérience personnelle montre que les dérives sont possibles : sur un projet que j’ai terminé ce mois, la charge de travail des consultants que j’encadrais les a conduits pour tenir les délais imposés à des horaires tardifs (le dernier soir à 5 heures du matin dans le cas de l’une d’elle). Pourtant j’ai essayé de limiter les dégâts en renforçant l’équipe. Et l’échéance étant passée l’équipe est en train de souffler.
Alors, tous complices ?
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