Travaillant actuellement pour un organisme parapublic, je découvre avec étonnement des conceptions de l’anonymat assez différentes de ce que je vois habituellement dans le privé. Une preuve de plus du gouffre en train de se creuser entre deux mondes qui se comprennent de moins en moins.
La mission que je menais consistait à interroger un certain nombre de dirigeants sur des démarches qu’ils avaient tous menées puis à faire une synthèse de la diversité des pratiques. Notre document de présentation commençait par des remerciements nominatifs à toutes les personnes rencontrées. On nous a demandé de remplacer les noms par les fonctions alors que ce renseignement permet de retrouver très facilement les noms et que le rapport est général et ne dit pas qui a fait et dit quoi. J’avoue ne pas bien comprendre la raison de cet anonymat.
Après cette demande, une de mes collègues ayant mené l’enquête a fait le rapprochement entre une autre réaction qui l’avait également étonnée. Pour prendre les rendez vous, elle était passée par les assistantes, qui filtraient les appels aux responsables. Jusque l’à, rien que de très normal. Dans un tel cas, nous demandons le nom de l’assistante que nous serons amené à rappeler. Une des assistantes a refusé de donner son nom, à la surprise de ma collègue.
J’imagine que ce refus, comme la demande faite pour le rapport, est une volonté de protéger la vie personnelle. Au contraire, notre souhait était dans le premier cas de valoriser les personnes et dans le second cas d’être aimable, en montrant notre considération pour la personne que nous avions au bout du fil, que nous traitons comme une personne digne de respect et non, comme on le voit trop souvent, comme un personnage subalterne voire un objet.
Donner son nom, ou au contraire le refuser, c’est accepter ou non d’entrer dans une relation, non pas personnelle (elle est ici clairement professionnelle) mais tout simplement humaine. Il est vrai que c’est impliquant.
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