« Le traité de Lisbonne, c’est la Constitution, mais en moins bien » note Libération en pointant notamment que les pays les plus eurosceptiques ont profité de la renégociation pour revenir sur certaines innovations du traité. En particulier, la charte des droits fondamentaux a été sortie du traité et l’Angleterre et la Pologne sont dispensés de l’appliquer.
Les nonistes peuvent être fiers d’eux. Il est vrai que certains d’entre eux trouvaient ce texte insuffisant et essayaient de faire croire aux électeurs que puisque l’avortement n’y était pas, le doit à celui-ci allait disparaître.
Georges Sarre, l’un des leaders du camp chevènementiste persiste et signe dans une tribune passée dans la page Débats du Monde daté du 18 octobre. Et je retrouve ce que je considère comme de la mauvaise foi, qui avait tant fleuri dans le camp du non en 2005.
Le plus typique à mon avis : « le système de double majorité est très défavorable à la France : elle devrait s’assurer le renfort d’Etats totalisant 95 millions d’habitants pour créer une minorité de blocage alors que l’Allemagne, quand à elle, n’aurait besoin que de trois alliés ressemblant 75 millions d’habitants ». Et d’enfourcher le thème de la protection du modèle social français (vous savez, celui qui nous permet d’avoir le taux de chômage le plus élevé après la Slovaquie et la Pologne)
Pourquoi le nombre d’alliés nécessaire à la France n’est il pas cité ? Parce qu’on essaie de donner le sentiment que l’Allemagne est privilégiée, donc il ne faut pas dire qu’évidemment, il nous en faudrait 3 aussi ! Et bien sûr, il était inutile de préciser que les allemands sont simplement 20 millions de plus que nous. A moins de penser que G Sarre voudrait que tous les pays aient le même poids, y compris le Luxembourg et Chypre ?
G Sarre oppose aussi les institutions qu’il qualifie d’oligarchiques par opposition à une Europe des peuples, bel exemple de langue de bois.
Au passage le maire du 11ème arrondissement de Paris s’offusque que les principes économiques continuent à s’appliquer puis qu’ils sont présents pour l’essentiel dans les traités précédents. Ce que les partisans du oui avaient essayé d’expliquer pendant la campagne, à savoir qu’une grande partie de ce qui était reproché au texte était déjà dans les traités et ne serait donc pas remis en cause par la victoire du non, il semble que notre partisan du non le découvre enfin, évidemment pour s’en offusquer.
Le seul point fort de l’article est la question de savoir si on peut adopter ce nouveau traité sans référendum. Il est clair que le gouvernement ne veut pas prendre le risque d’être désavoué et préfère donc donner la parole au congrès. Mais N Sarkozy l l’avait dit pendant la campagne présidentielle et c’est lui qui a été élu !
En réalité, soumettre le texte de la constitution à référendum avait été une erreur. Non à cause de l’échec. Mais parce que le sujet abordé n’était pas clair. Ou plutôt qu’il y en avait un grand nombre. Quand le traité de Maastricht avait un objectif clair (passer à une monnaie unique) la construction constitutionnelle, fruit de compromis n’en avait pas. Les électeurs ne s’y sont pas trompés, qui ont répondu à plein d’autres questions réalisant une alliance improbable entre tous ceux qui avaient des raisons de s’opposer à tel ou tel point. Le référendum néerlandais et était une autre preuve puisque les raisons du refus des électeurs étaient quasiment inverses de celles des français.
Mais depuis 2005, il y a eu des élections présidentielles et législatives ; Et le moins qu’on puisse dire est que le score des candidats partisans du non a été particulièrement faible : le gouvernement qui a négocié le nouveau traité, les députés qui seront appelés à le ratifier ont une légitimité électorale réelle.
Quelques chiffres : au premier tour de la présidentielle, les 4 candidats partisans du oui ont récolté ensemble 77.2% des voix contre 13.8% pour les 3 nonistes de droite et 9% pour les 5 nonistes de gauche, qui il est vrai ont étalé leurs divisions. Les résultats des nonistes ont été encore plus faibles aux législatives : les candidats du Front National ont fait nettement moins bien que leur leader, ceux de la LCR également. Alors quelle légitimité démocratique ont ils pour contester le traité simplifié ?
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