L’annonce de la fusion proche des deux organismes suscite de nombreuses vagues, en particulier dans le monde syndical. Il est vrai que le sujet n’est pas neutre et que son influence supposée sur le taux de chômage n’est pas la seule question posée par l’opération.
D’abord, comme le rappelle Bernard Brunhes dans un entretien paru dans la Tribune, il s’agit de « fusionner une administration, l’ANPE,soumise à de lourdes obligations administratives, avec un organisme privé, l’UNEDIC, géré par les partenaires sociaux ». L’ancien conseiller social de Pierre Mauroy considère qu’il faudrait aller plus loin et remettre à plat tout le système, pour « une refonte globale du service public de l’emploi, notamment l’AFPA, les Missions locales, les directions départementales du travail etc. » Il est vrai que l’accompagnement des chômeurs est un tel maquis que le gouvernement précédent avait crée une structure supplémentaire de concertation entre tous les intervenants, les maisons de l’emploi. Christine Lagarde a annoncé l’arrêt de la création de nouvelles Maison.
Peut être le gouvernement préfère t’il opérer en deux étapes. D’autant plus que la logique est d’arriver à une intégration au niveau régional selon B Brunhes. Et que les régions sont pour la plupart gérées par les socialistes…
Le chômeur sera-t-il le bénéficiaire de l’opération ? Le gouvernement lui promet un accès simplifié avec un interlocuteur unique et un accompagnement plus efficace avec un conseiller pour 30 chômeurs et l’objectif de réduire le taux de chômage à 5% en 2012.
Un bon accompagnement des chômeurs peut effectivement aider au reclassement des chercheurs d’emploi. Mais certains craignent la chasse aux « chômeurs inactifs»à ceux qui ne font pas preuve d’une recherche active. Nicolas Sarkozy a évoqué la question de la définition d’une offre valable d’emploi (le fait d’en refuser plusieurs pouvant faire perdre le droit aux allocations). Et on sait que certains de nos voisins, à commencer par l’Angleterre, procèdent ainsi…
La promesse de la ministre d’un conseiller pour 30 chercheurs d’emploi ne sera sans doute pas tenue par le nouvel organisme : si elle pense vraiment diminuer de 40% le nombre de chômeurs dans 5 ans, elle ne doit pas dimensionner le service de l’emploi pour le volume actuel. C’est donc le privé qui devrait assurer la transition d’ici là. Et tant pis pour la promesse d’un interlocuteur unique !
Le rapprochement de l’UNEDIC et de l’ANPE devrait peut être aussi servir à la chasse aux « faux chômeurs ». Tout système ayant des failles, il y en a forcément. Et après tout, il est normal d’exiger que l’argent de la solidarité soit correctement géré. Mais le phénomène est il marginal ? Difficile à dire. J’ai eu l’occasion de voir le cas d’une grosse entreprise en faillite, dont l’accompagnement des salariés avait été financé par l’Etat. a la fin du dispositif, les Assedic indemnisaient encore quelques centaines d’anciens salariés toujours au chômage. Une enquête a montré qu’en réalité 38% de ses personnes indemnisaient étaient au travail, parfois depuis plusieurs mois et en CDI à temps complet dans une autre grande entreprise. Même si ce cas est sans doute un cas d’espèce, il montre que la fraude peut dans certains cas ne pas être marginale.
Le sujet devrait donc faire encore couler beaucoup d’encre !
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