Alors que les responsables de 250 grandes écoles tentent de lutter contre l’abus d’alcool chez leurs étudiants et « la cuite du jeudi soir », j’entendais à la radio la remarque selon laquelle la consommation d’alcool est en diminution régulière en France
L’argument m’a paru spécieux : il peut y a voir baisse globale et apparition d’un phénomène spécifique. Alors j’ai décidé de regarder de plus prêt, moi qui fait partie des 8% d’adultes qui ne consomment jamais d’alcool (comme Fabius et Sarkozy parait il).
La consommation d’alcool est en effet en baisse régulière dans notre pays : elle est passée chez les plus de 15 ans de 20.8 litre d’alcool pur par an en 1973 à 13.0 en 2004 soit une baisse de 37% sur la période. Pour donner un ordre de grandeur, une personne qui consommerait uniquement du vin à raison d’une bouteille de 75 cl à 10° chaque jour, consommerait l’équivalent de 27 litres d’alcool pur par an. Evidemment, la moyenne recouvre des personnes qui boivent moins et d’autres qui boivent plus.
Mais bien sûr, tout le monde ne boit pas d’alcool quotidiennement. Le nombre de buveurs quotidien augmente nettement avec l’âge comme on peut le voir sur le tableau suivant issu du Baromètre Santé de 2005 :
äge |
18/25 |
26/34 |
35/44 |
45/54 |
55/64 |
65/74 |
Hommes |
4 % |
7 % |
14 % |
26 % |
41 % |
56 % |
Femmes |
1 % |
1 % |
3 % |
8 % |
16 % |
23 % |
Il s’agit essentiellement d’une consommation de vin. La variation avec l’âge recouvre à la fois le fait que les nouvelles générations boivent moins que les précédentes et le fait qu’on boit de plus en plus avec l’âge. On notera que les hommes boivent nettement plus que les femmes.
La conséquence d’une sur consommation d’alcool au sein d’une partie de la consommation se traduit directement dans les chiffres de la mortalité. 23 000 décès sont annuellement liés directement à l’alcool, dont 80% chez les hommes. Si l’on prend en compte les effets indirects (par exemple les accidents sous l’influence de l’alcool.), ce sont 35 000 décès annuels qu’il faudrait compter (et même 45 000 selon certaines méthodes de calcul). L’alcoolisme représente près de 20% des causes de mortalité chez les 45/54 ans mais il touche surtout les hommes entre 50 et 80 ans : comme chacun sait, l’alcool tue lentement.
Cette mortalité a diminué de 40% en 20 ans (par réduction forte des cirrhoses du foie) mais la baisse s’est surtout faite dans les années 80 et est beaucoup plus faible aujourd’hui.
Le phénomène dont on parle chez les étudiants ne correspond pas à un alcoolisme chronique mais à des absorptions peu fréquentes mais fortes : les cas d’ivresse. En 2005 15% des adultes déclarent avoir connu un épisode d’ivresse dans les 12 derniers mois et 5.5% au moins 3 sur la période. L’ivresse concerne plus les hommes (22%) que les femmes (7%) et diminue avec l’âge. Parmi ceux qui ont été ivres une fois, la moyenne d’épisode dans l’année est de 6.
Les conséquences de ces beuveries chez les jeunes peuvent être de deux ordres :
Elle peut les conduire progressivement à l’alcoolisme chronique avec les conséquences exposées plus haut
Elles peuvent produire des comas éthyliques. Une étude montre que dans un hôpital que je n’ai pu situer (Madagascar ?), 9,36% de motifs d’hospitalisation au service de réanimation médicale pendant l’année 2004 soit 186 cas sont la conséquence d’une consommation excessive d’alcool . 36 sur 186 cas, soit 33,87% sont décédés au cours de leur hospitalisation.
Ces risques justifient que les responsables des grandes écoles s’inquiètent et désirent agir.
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