C’est en gros ce que propose Alain de Vulpian à l’occasion d’une discussion entre quelques amis, cherchant à se convaincre mutuellement de voter qui pour Ségolène, qui pour Sarkozy, avec parfois des arguments montant en épingle les risques du vote d’en face.
Je lui laisse la parole :
Bonjour Chère D…,
Merci de ton mail. Ta passion me touche et j'en partage bien des vibrations. Mais, gardons la tête froide. Il me semble qu'il ne faut pas faire un drame de cette élection. De toutes façons le Président ou la Présidente que vont élire les Français sera moins pire que Chirac ou
Jospin
Un des handicaps majeurs qui a paralysé la France au cours des dernières décennies tient à la façon dont la classe politique a théâtralisé et transformé en combat une opposition Droite/Gauche restée figée, du fait de la Gauche, sur un contenu de style 1950. Ne le prolongeons pas.
D'après moi, la forme que prennent ces élections renforce l'espoir d'en sortir. Les trois principaux protagonistes appartiennent à une génération plus jeune. Les groupes extrémistes qui se complaisent dans des idéologies d'un autre temps ont été laminés. Pour une fois l'élection implique sérieusement les Français et notamment les jeunes (qui prennent le tempsd'hésiter et de réfléchir).
Ségolène a magnifiquement mis sur la touche les éléphants et annonce probablement une métamorphose ou un éclatement du PS, qui fût un des principaux obstacles à la modernisation de la France.
Sarkozy a mis sur la touche la maison Chirac et la droite figée et sans idées. Bayrou, sur l'idée qu'il faut faire coopérer les tempéraments de droite et de gauche pour inventer la société de demain, a fait un très bon score. Tout cela n'est pas si mal.
Que peuvent faire les gens comme nous ? A mon sens, se préparer à peser sur la suite. Quel que soient les résultats des élections présidentielles et législatives nous chercherons les meilleurs moyens d'introduire des points de vue "société rêvée" dans les équipes proches du pouvoir, de contribuer à la pleine modernisation d'un puissant pôle social démocrate, de promouvoir des dialogues créatifs entre tendances différentes, de nourrir l'intelligence collective des Français et, comme tu le dis très bien, de veiller à la protection des libertés publiques.
Ce thème des libertés publiques mérite d'être appréhendé dans le contexte de la société d'aujourd'hui et non pas de celle d'hier. Contrairement à ce que font bon nombre de défenseurs traditionnels des droits de l'homme. Hier, les gens ordinaires de droite étaient pour l'ordre et ceux de gauche pour la défense des libertés. Aujourd'hui une proportion croissante des gens de gauche (en France, en Angleterre et ailleurs) demandent à la fois un élargissement des marges de liberté personnelle et une plus grande sécurité/paisibilité de la vie quotidienne. Il va falloir trouver à inventer une politique répondant à ces exigences paradoxales.
Je serais heureux, Chère D…, de trouver une occasion de discuter de vive voix avec toi.
Amitiés.
Alain.
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