Le Monde consacrait vendredi une pleine page à Versac, en révélant pour les rares qui ne le savaient pas, son vrai nom, Nicolas Vambremeersch. Instant de gloire parfaitement méritée, que mon week-end prolongé à Verel, loin d’Internet, m’a empêché de saluer plus tôt.
J’ai connu Nicolas il y a maintenant 5 ans, quand nous étions tous les deux candidats d’Énergies Démocrates (il avait fait un score nettement meilleur que le mien). Il avait déjà, en même temps que son sens de l’engagement, cette qualité de dialogue et d’ouverture à la diversité des opinions, qui expliquent en partie la réussite de ses initiatives dans le monde des blogs. D’ailleurs son suppléant de l’époque penchait il y a un an pour l’alliance avec le PS et a très tôt soutenu Ségolène Royal, quand son mandataire financier suggérait de soutenir Nicolas Sarkozy!
Il fut l’un des premiers à comprendre l’importance du phénomène des blogs, en émergence sur Internet. Mais s’il bénéficie aujourd’hui de cette avance en terme de fréquentation, chacun sait aussi qu’il ne la garde que grâce à la qualité de ses articles.
L’aventure de Publius autour du référendum sur la constitution européenne marque le succès d’une aventure collective. Le collectif permet une publication plus régulière pour des amateurs qui utilisent le temps que leur laisse leur vie personnelle et leur travail. Mais il suppose de dépasser l’individualisme naturel dans un exercice aussi personnel (voire narcissique) que le blog: il faut savoir travailler en équipe et respecter les autres, même quand on ne partage pas leur point de vue.
Publius avait pris une place importante dans une campagne où le poids d’Internet et des blogs avait été majeur. Si le rôle de ceux-ci fut cette fois ci plus faible que certains ne l’avaient imaginé, ils me semblent durablement installé dans le paysage, grâce à des gens comme Versac et d’autres pionniers.
Publius montrait déjà aussi l’un des apports majeurs de Nicolas et de ses amis pour faire de la blogosphère un média qui aborde les questions politiques de fond avec qualité. Versac y a aussi contribué cette fois ci à travers Débat 2007 qui fut sans doute, avec la question du chiffrage économique du programme de chaque candidat, l’instrument Internet indépendant qui a joué le plus grand rôle dans cette campagne.
C’est sur les encouragements de Nicolas que je me suis lancé à mon tour dans une aventure qui, je dois l’avouer, absorbe une partie considérable de mon temps libre. C’est sans doute aussi grâce à lui que j’ai été associé dès l’origine à cette nouvelle aventure qu’est Lieu Commun. Bien sûr je suis flatté de m’y retrouver avec des blogueurs de la qualité et de la renommée (les deux sont liés, heureusement) de Maître Eolas, des Econoclastes ou d’Emmanuel, de Jules ou de Frédéric Rollin, avec des jeunes peut être moins connus mais tout aussi brillants comme François, Damien ou Marc ou des sages comme François. Mais j’apprécie surtout la possibilité de dialoguer et de s’estimer bien que Koz et Authueil soutiennent vigoureusement l’UMP et son candidat, alors que Hughes et Guillermo font de même avec le PS et sa candidate.
C’est cette volonté de dialoguer sur les questions de fond, au-delà de la différence des points de vue, que Versac a su mettre en œuvre à travers la République des blogs, qui permet de dépasser l’anonymat d’Internet pour dialoguer « en vrai » et confronter dans le respect mutuel la diversité des opinions. Certes, la formule même de la rencontre, sa liberté bien dans le philosophie du Net, permet, si on le souhaite, d’ignorer superbement certains et de limiter le dialogue. Mais petit à petit, au hasard des soirées mensuelles, des liens se nouent, on découvre d’autres personnes et on peut dépasser ses a priori éventuels.
Il m’a semblé que les présents ce dimanche avaient apporté leur voix aux seuls trois principaux candidats, se refusant à verser dans l’extrémisme d’un bord ou de l’autre, comme finalement les trois quarts des français. Je n’ai évidemment pas vérifié mais ce serait bien dans l’esprit de cette rencontre basée finalement sur les valeurs de base de la démocratie.
Je conclurai sur cela: nous pouvons te remercier Nicolas / Versac, ce que tu favorises, c’est tout simplement l’exercice de la démocratie. Cela valait bien une page dans Le Monde!
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