12 candidats, 12 ambitions pour ce premier tour, pas forcément pour être au second tour. Si la démocratie est une grande gagnante de ce premier tour à très forte participation, parmi les 12 candidats, qui a gagné, qui a perdu ?
La réaction de Jean Marie le Pen à l’annonce des résultats, reprochant leur vote aux français, le montre bien : le président du Front National a perdu. Pas seulement 980 mille voix et 6.31% des suffrages. Son dernier combat électoral et sans doute l’avenir même de son mouvement. Marine Le Pen est affaiblie et il est probable que la division redeviendra la règle sur ce bord de l’éventail politique. On s’en félicitera.
Philippe de Villiers aussi a perdu. Il fait deux fois moins qu’en 1995 et comme cette fois là va se retrouver avec des dettes (il ne touchera que 800 000 euros et en a dépensé beaucoup plus). Il a surtout perdu les moyens de se poser en successeur de Jean Marie Le Pen à la tête de la droite extrême.
Frédéric Nihous n’a pas réussi à ressortir le CNPT de la pente fatale dans lequel il était déjà entraîné. Il n’a pas perdu, il a confirmé une défaite précédente.
Nicolas Sarkozy a fait un bon score, mais il ne peut considérer qu’il a gagné que s’il est élu. Certes ses chances sont grandes mais ce n’est pas fait. Il a par contre réussi à prendre suffisamment de voix à Le Pen pour le couler. Pour le futur de la droite, c’est une bonne nouvelle.
François Bayrou a fait un score magnifique mais c’est une impasse : une victoire à la Pyrrhus.
Ségolène Royal a fait un score important au regard de ceux réalisés par ses prédécesseurs socialistes. Mais les chiffres sont trompeurs. Beaucoup d’électeurs habituels du parti socialiste ont voté Bayrou au premier tour, et seul le vote utile du reste de la gauche a sauvé la candidate. Ces électeurs reviendront au second tour mais la victoire sera très difficile. Or c’est le seul objectif valable a ce niveau. Au-delà, un score nettement inférieur aux 48.5% obtenus par Jospin en 1995, dans un contexte difficile pour la gauche, serait calamiteux pour la gauche aux législatives. Et le futur congrès du PS à l’automne serait celui des règlements de compte : les couteaux sont déjà affûtés !
Dominique Voynet avec 3.5 fois moins de voix que Noël Mamère a perdu, et son parti avec elle. Elle est bien sûr victime du vote utile et de Nicolas Hulot. Mais si les électeurs ont jugé plus utile de porter Ségolène Royal au second tour que de défendre l’écologie, c’est qu’un parti indépendant sur ce thème n’est plus légitime à gauche.
On pourrait dire un peu la même chose pour Marie George Buffet. Dire que le PCF faisait plus de 25% des voix jusqu’en 1958, qu’il n’a été dépassé par le PS qu’en 1978, qu’il tenait la CGT ! La chute du communiste ne donnait aucun avenir à son représentant en France. Ce parti va disparaître avec le décès de ses militants, à la moyenne d’âge particulièrement élevée.
José Bové a perdu lui aussi et je ne pleurerais pas sur lui.
Olivier Besancenot a réussi l’objectif que la LCR a du se donner le soir du 21 avril 2002 : dépasser largement Arlette Laguiller avec un candidat nettement plus jeune et vrai bête politique. La LCR domine en voix la gauche de la gauche. Mais elle n’est pas remboursée et ses finances vont en souffrir.
Arlette Laguiller signe son dernier combat d’un score peu flatteur. Mais cela n’a jamais été l’objectif de LO qui par ailleurs n’a pas de souci d’argent ayant accumulé avec le temps les sommes gagnées dans les bonnes années. Le vrai signe d’échec est sans doute d’avoir été obligé d’appeler au vote Royal au second tour sous la pression d’électeurs qui n’ont pas encore compris la révolution !
Gérard Schivardi a gagné le concours du plus comique et du plus malhonnête. Oublions le, le plus vite possible !
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