Frédéric Rolin, dans une tribune parue dans Libération, et reproduite sur son blog, explique brillamment en quoi la pratique nouvelle des grands partis de demander à leurs élus de réserver leur signature au candidat de leur parti est une bonne voie pour une régulation politique des candidatures. Je voudrais ici revenir sur l’argument qu’il donne à propos du Front National.
Avant d’aller plus loin, je précise deux choses :
Je trouve que l’absence pour cause de manque de signatures de celui qui a été au second tour en 2002 serait un déni de démocratie
Je pense qu’il y a beaucoup de cinéma dans le discours du candidat frontiste. Je l’ai ainsi entendu dire qu’il avait déjà engrangé 100 signatures alors qu’il y a environ 200 élus FN (essentiellement des conseillers régionaux)
Frédéric Rolin explique que l’incapacité du Front National à s’inscrire dans des coalitions et à faire des compromis, le cordon sanitaire réalisé autour de lui ont fait qu’il n’a pas su traduire en élus ses scores.
On pourra noter à contrario n que le parti communiste, qui ne fait plus que 3 % à la présidentielle a encore un réseau important d’élus, grâce aux alliances qu’il a noué avec le reste de la gauche
Pourtant, à contrario, les verts qui ont fait le même type d’alliances, ont des élus aux législatives ou aux régionales, grâce à leur alliance avec le PS. Ils ont par contre très peu de maires quand le PC tient encore de nombreuses mairies
En réalité, alors que les Verts et le FN ne peuvent avoir d’élus sans alliance hors élections à la proportionnelle, le PC en est capable. Parce que son électorat est très marqué socialement et concentré dans des zones géographiques particulières, ce qui lui donne la capacité de dépasser un PS pourtant beaucoup plus puissant dans de nombreuses communes, et même circonscriptions.
Le Front National a certes une implantation régionalement marquée, avec des points forts en Alsace, en Picardie ou en Provence Cotes d’azur, et des points faibles en Bretagne ou en pays de Loire. Mais quand on regarde plus localement, on observe au contraire de faibles variations.
J’ai ainsi regardé une vingtaine de cantons soumis à renouvellement en 2004, répartis dans deux départements franciliens,les Hauts de Seine et la Seine St Denis
En Hauts de Seine, le score du FN varie dans ces cantons entre 5.61 et 11.51, que ce soit à Chaville (7.99%) ou à Gennevilliers (11.51%). La plupart du temps il est autour de 7ou 8%, De son coté, le score du PC est beaucoup plus dispersé, entre 2.28% (Chaville) et 55.81% (Gennevilliers).
On retrouve le même phénomène dans la Seine St Denis : le score du FN varie ainsi de 8.35% (Montreuil Ouest) à 19.23 à Montfermeil, quand celui du PC varie de 5.43% à Epinay ou 5.29% à Gagny contre 31.23% à St Denis (où le FN fait 15.68%
On notera au passage que le FN a ses meilleurs scores dans des zones populaires, là où la gauche est forte, quand les deux tiers des électeurs de Le Pen se reportent sur le candidat de droite au second tour.
Entre un PC dont les points forts lui permettent d’avoir des élus avec un score national moyen faible et un FN dont la plus faible variété des scores en moyenne plus élevé ne débouche pas sur des élus, la démocratie doit elle choisir ?
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