Le départ de Laurence Danon de la direction du Printemps relance le thème des indemnités de licenciement des grands patrons, considérées comme somptueuses, que ce soit par le nombre d’années de salaires versées ou par les montants que cela représentante.
La comparaison avec les salarié moyen fait en effet apparaître des différences énormes sur les montants versés. Pour faire cette comparaison, on aura en tête trois éléments à prendre en compte : le secteur, les raisons du licenciement et l’accès aux Assédic
Le
secteur d’abord. L’indemnité légale de licenciement est de 1/10ème de mois
par année d’ancienneté, montant qui peut être augmenté par les conventions
collectives. Dans le secteur des banques, le montant de l’indemnité est de 1
mois par année d’ancienneté(1/2 mois pour les années à partir de 2002) le
compte se faisant par semestre et le mois étant un douzième du salaire annuel.
Soit 10 fois plus que l’indemnité légale. La banque est probablement l’un des
secteurs les plus favorables. Les licenciements les plus médiatiques sont
souvent dans des secteurs riches à convention collective favorable (pensons à
Total par exemple).
Les
raisons du licenciement. On ne peut licencier un salarié sans motif : il faut une raison
économique ou une faute. En l’absence de ces motifs, l’employeur peut être
condamné aux prud’hommes. Le droit social permet cependant de recourir à une
transaction entre les parties, le licencié s’interdisant par cette transaction
à poursuivre l’employeur. Les indemnités sont alors évidemment supérieures aux
indemnités légales, le rapport de force n’étant pas du coté de l’employeur.
Celui-ci adopte alors clairement la tactique du chèque valise. Pour situer les
montants en cause, il est admis qu’en cas de licenciement non motivé, les
prud’hommes peuvent accorder 6 mois d’indemnités en sus des indemnités
conventionnelles. Mais lors des transactions, les montants peuvent être plus
élevés.
Il
faut rappeler que le patron licencié peut l’être pour sa mauvaise gestion
(toujours difficile à prouver, d’autant que la stratégie est généralement
validée par le conseil d’administration s’il fait son travail), ou tout
simplement et le plus souvent pour divergence stratégique. Le cas récent de
Christian Streiff, futur PDG de PSA peut illustrer cette idée.
Après
avoir passé 25 ans à grimper tous les échelons dans le groupe St Gobain, ce
dernier a en effet été licencié, alors qu’il avait été désigné un an auparavant
comme futur successeur du PDG J Louis Beffa, à l’issue d’une longue procédure.
Le désaccord manifeste entre les deux hommes ne peut être considéré comme une
faute grave, mais il est évident que cela ne peut durer : il y a donc
transaction, le montant de celle-ci étant probablement à la hauteur de la durée
dans la maison et des services rendus (C Streiff n’étant pas arrivé n°2 par
hasard !). Un an après, le même est appelé à la direction d’EADS, où il ne
restera que 3 mois, avant d’être remplacé par Louis Gallois. Entre
temps, il a travaillé d’arrache pied (et sans doute fait travailler de même ses
collaborateurs !) pour définir un plan de redressement. Mais il considère
que la situation de double direction franco allemande est ingérable et le dit
haut et fort, ce qui conduit à son départ. Son plan sera d’ailleurs repris par
son successeur. L’histoire ne dit pas s’il avait déjà une offre de PSA et si
cela lui a permis de faire monter les enchères. Mais cela ne serait pas
forcément une mauvaise chose. Les actionnaires attendent du patron qu’il fasse
preuve d’initiative et qu’il soit capable d’être iconoclaste. Le parachute en
cas de désaccord (signé lors de l’embauche en général) est aussi un moyen pour
les administrateurs de s’assurer que le patron aura les moyens de son
indépendance d’esprit et de parole.
Enfin,
un ancien patron n’a généralement pas droit aux Assedic. Les indemnités qu’ils
reçoivent ne servent donc pas qu’à payer la différence entre les Assedic et
leur ancien salaire mais à leur assurer l’ensemble de leurs moyens.
C’est
en tenant compte de ces trois éléments qu’on fera une comparaison sensée des
indemnités reçues par les patrons.
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