La Bourse de Shanghai a dévissé de 30 % en un mois, après une augmentation vertigineuse depuis un an. Certains expriment la crainte que cela entraîne une crise économique en Chine mais la réalité est qu’il s’agit plus de la manière dont les difficultés pré existantes de la Chine s’exprime, comme la presse le montrait déjà auparavant
La revue « Problèmes économiques » de la Documentation française est consacrée en première quinzaine de juin à la Chine, dont la croissance est à la baisse, même si les taux affichés feraient pâlir d’envie les dirigeants européens. Plusieurs auteurs expliquent leur point de vue sur les nécessités de trouver un nouveau modèle économique pour ce pays gigantesque
Un auteur explique que la Chine a basé depuis pendant 30 ans sa croissance sur le modèle allemand de la promotion des exportations que lui permettait une pratique de bas salaires. La demande internationale n’étant plus guère au rendez-vous depuis 2008, les dirigeants chinois ont trouvé un relais de croissance en soutenant massivement (par des taux d’intérêts bas) les investissements dans les infrastructures et dans la construction de logements, au point d’imiter la bulle immobilière qu’a récemment connu l’Espagne.
Quelques chiffres : en 2008, 585 millions de m2 ont été construits (résidentiels ou non). Ce volume a été porté à plus de 1 milliard de m2 en 2013, soit une augmentation de 74 %
Mais me direz-vous, 1 milliard cela a l’air d’être beaucoup ; mais il y a aussi beaucoup de Chinois ! Certes !
Les ménages français vivent à plus de 2 en moyenne dans leur logement, et chacun bénéficie en moyenne de plus de 20 m2. Le rythme de construction actuel de la Chine correspond à près de 1 m2 nouveau par an, alors que la population n’est plus en croissance, de quoi renouveler le parc en moins de 20 ans. Comme si la France construisait plus d’un million de logements par an au lieu de moins de 400 000…
La folie immobilière s’est déjà traduite par une envolée des prix, qui ne peut que décourager les ménages chinois à développer leur consommation, alors que celle-ci est très faible (les chinois ont un taux d’épargne sans équivalent dans le monde) et que tous les observateurs considèrent que seule l’augmentation de la consommation est à même de constituer un relais de croissance durable. Les grèves et les fortes augmentations de salaires affectent la compétitivité chinoise à l’export mais ne boostent pas la demande interne.
Les Chinois qui en ont les moyens investissent dans l’achat d’un logement, sensé prendre de la valeur sur le marché, mais ne l’occupent pas forcément : des immeubles entiers sont vides, au point que dans certaines villes plus d’un quart du parc est vacant. La conséquence logique devrait être la faillite d’une partie des promoteurs et une baisse des prix sur le marché immobilier, déclenchant au moins provisoirement récession et ruine de certains ménages. Ce scénario noir n’est pas le plus probable, en raison des efforts de l’Etat, mais il consisterait la méthode la plus à même de changer de modèle de développement, si le pouvoir chinois ne craignait pas la fin de la paix sociale qui garantit pour l’instant le maintien de son autorité.
Dans le même instant l’Etat central renvoie de plus en plus de responsabilités aux diverses collectivités territoriales. Certaines d’entre elles ne s’en sortent que par les recettes liées au marché de l’immobilier (dans certains cas, celles-ci représentent plus du tiers de leur ressource), recettes qui risquent de très fortement diminuer en cas d’explosion de la bulle immobilière.
On sait par ailleurs que l’exceptionnel taux d’épargne des ménages est en partie dû à la faiblesse du système collectif de retraite : les chinois épargnent pour leurs vieux jours parce qu’ils ne peuvent pas compter sur d’autres ressources. Les économistes qui font ce constat observent que seule la mise en place d’un système de retraite par répartition important pourrait libérer la consommation chinoise. Les dépenses des ménages représentent aujourd’hui 36 % du PIB contre 45 % en 2001…
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