Il ne reste que quelques heures pour trouver un accord entre la Grèce et ses créanciers européens pour éviter une rupture aux conséquences difficiles à mesurer, mais manifestement négatives pour les deux parties. Mais reste-t-il assez de confiance pour cela, alors que les dirigeants européens se sont sentis trahis par les initiatives du gouvernement grec ?
On sait le rôle important de la confiance en économie. Pour que deux parties contractent, il faut que chacune ait confiance dans la volonté de l’autre de vouloir honorer les termes du contrat. A défaut, les parties pourront avoir confiance dans les recours, notamment juridiques, qu’ils pourront utiliser en cas de problème.
Dans le cas de l’appartenance à la zone euro, les membres se sont donnés des règles communes à respecter pour que le bien commun (en l’occurrence la monnaie commune) leur apporte ce qu’ils en attendent (en particulier la stabilité financière et des taux d’intérêts bas). Le respect de ces règles n’est pas toujours évident : la France par exemple peine à respecter les critères de dette et de déficit et doit régulièrement aller expliquer à Bruxelles ce qu’elle fait pour rentrer dans le rang.
La Grèce ne fait guère partie des bons élèves : elle a notamment triché dans les informations qu’elle a données sur sa situation financière, ce qui est un sacré coup de canif dans un contrat.
Quand le pays s’est retrouvé dans des conditions catastrophiques de déficit interne et externe, les pays de l’euro zone ont accepté de lui apporter une aide massive (au moins massive au regard du PIB grec). Il s’agissait de prêts, donc d’une aide remboursable, mais avec des conditions telles (de délai et de taux) qu’on peut considérer que c’était pour une part non négligeable un cadeau.
La contrepartie logique qui était demandée était que le pays prenne les moyens pour pouvoir rembourser un jour ces prêts, ou pour le moins pour arrêter de nécessiter de nouvelles aides.
Or le gouvernement dirigé par Alexis Tsipras a beaucoup rechigné à donner des informations sur sa situation depuis 5 mois et il a donné le sentiment de ne pas avoir l’intention, ni de rembourser un jour ses dettes, ni même de vouloir prendre les moyens de ne plus avoir besoin d’aide. C’est bien pourquoi une partie de ses interlocuteurs n’en est plus à exiger un plan de réforme pour accorder une aide (dont chacun sait bien qu’elle est nécessaire) mais en est à exiger l’exécution d’un premier train de réformes : c’est pour cela qu’il est question aujourd’hui de vote d’urgence de lois par le parlement grec.
La décision de recourir au référendum et de ne pas payer le FMI a été interprétée par de nombreux dirigeants de la zone euro comme une trahison dans la négociation : aujourd’hui, cette question de la confiance est plus importante dans la négociation que les divergences d’opinion sur les réformes à mener ou sur les montants à négocier !
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