Le marché du logement a beau s’être un peu détendu avec des prix en baisse et une augmentation des logements vacants, la relation commerciale entre bailleur et locataire fonctionne mal et on en voit tous les jours les conséquences défavorables pour l’une et l’autre partie : les textes sensés protéger les locataires se retournent contre eux.
Il y a quelques semaines, des membres de la famille de ma femme qui ont cédé aux sirènes des avantages fiscaux à l’acquisition de logements neufs pour les louer me faisaient part des difficultés rencontrées avec un locataire qui ne paye pas ses loyers, et ce depuis de nombreux mois. Le locataire en question qui fait partie de la classe moyenne par ses revenus et son métier n’a pas eu d’incident de carrière ou de vie qui expliquerait ses difficultés. Il semblerait simplement qu’il soit très dépensier et que ne pouvant faire face à toutes ses obligations, il ait choisi de ne pas payer son loyer. Il aurait tort de se priver, la loi lui est très favorable et il peut continuer ainsi pendant de longs mois sans vrais risques.
Cette semaine, une de mes nièces, encore étudiante l’an dernier, a trouvé un travail pour un remplacement de congé maternité, travail qui devrait lui donner la possibilité de rebondir ensuite chez le même ou un autre employeur. Ce travail se situant loin de l’endroit où elle a fait ses études et du logement de ses parents, il lui a fallu trouver un logement. Sur le papier, pas de difficultés, il y a des logements libres dans la ville visée. Mais les bailleurs se montrent tout à fait réticents à louer à une jeune en CDD. Il lui a donc fallu présenter la caution de ses parents (chance, ils ont un revenu élevé de fonctionnaire de surcroit) et l’un d’eux a dû venir en personne signer la caution, cette demande émanant apparemment des assurances chargées de suppléer au paiement si elle faisait défaut.
Le rapprochement que je fais de ces deux histoires n’est pas anodin. Tous ceux qui se sont penché sur la question savent que l’inflation des demandes faites aux locataires pour vérifier qu’ils vont payer est la contrepartie de lois qui veulent le protéger et qui de fait protègent surtout les plus malhonnêtes plutôt que les plus faibles.
Une autre conséquence de l’arsenal législatif en faveur des locataires est que les institutions (assurances notamment) qui devraient investir pour avoir un patrimoine à louer ne le font pas (elles se sont réfugier dans l’immobilier de bureau plus sûr) et que l’Etat dépense des milliards pour inciter les hauts revenus à se transformer en propriétaire bailleurs, à travers les dispositifs qui se succèdent depuis 20 ans.
Un système inefficace et absurde mais je ne sens nulle part la volonté de le remettre en cause.
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