Le conseil constitutionnel a refusé de suivre la demande d’un couple de particulier qui ne voulait pas de la vaccination obligatoire pour leur enfant, et a décidé de donner raison à l’État dans cette affaire et dans sa volonté de protéger l’ensemble de la population contre des maladies infectieuses qui faisaient de nombreuses victimes avant l’invention du vaccin.
D’après les sages, le législateur « n'a pas porté atteinte à l'exigence constitutionnelle de protection de la santé telle qu'elle est garantie par le préambule de 1946 ». Il est de la compétence du Parlement de « définir une politique de vaccination afin de protéger la santé individuelle et collective ».
L’avocat des parents a dénoncé un siècle de stalinisme vaccinal », et évoqué l'effet dévastateur du vaccin en France, que les juges n’auraient pas étudié.
On trouve pourtant sur le site de la Documentation Française un rapport très récent sur ce qui est présenté comme « une question controversée », celle des adjuvants vaccinaux, au nom de « l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques ». On comprend que la controverse est entre le député socialiste (mais aussi professeur de médecine prestigieux) Jean Louis Touraine et la sénatrice EELV Corinne BOUCHOUX, historienne de formation et tous les deux co-rapporteurs sur le sujet. On devine qui défend ici l’approche médicale traditionnelle et qui défend ceux qui pensent que par définition ce qui est naturel est bon et ce qui ne l’est pas est mauvais. Inutile de préciser à mes lecteurs de quel côté je penche !
Le rapport, pouvant difficilement donner le point de vue commun des deux co-rapporteurs, reprend en fait les propos tenus dans une audition publique sur le sujet le 29 janvier 2015. La première partie de l’audition donnait la parole à des spécialistes médicaux, la deuxième partie à des représentants associatifs. Inutile de dire que ceux qui soulignent les effets secondaires négatifs de la vaccination sont sur représentés (surtout au regard de leur poids réel dans la population scientifique ou parmi les citoyens). On notera seulement qu’il a fallu aller les chercher aux quatre coins du monde.
Quelques interventions ont rappelé tout ce que la population doit à la vaccination. J’irais plutôt chercher quelques faits du côté de l’INED, dans le chapitre consacré à l’augmentation de l’espérance de vie en France, depuis les 25 ans observés en 1750 aux près de 80 ans d’aujourd’hui. Le décollage a commencé quand l’amélioration des transports a permis de mettre fin aux famines locales.
En 1750, la moitié des enfants meurent avant l’âge de 5 ans. L’espérance de vie atteint 30 ans à la fin du XVIIIème siècle, puis fait un bond à 37 ans en 1810 en partie grâce à la vaccination contre la variole. Au cours du XXe siècle, les décès d’enfants deviennent de plus en plus rares : 15% des enfants nés en 1900 meurent avant un an, 5 % de ceux nés en 1950 et 0,3 % (3,3 pour mille exactement) de ceux nés en 2012.
On l’a compris : les différents vaccins sont la principale raison de la quasi disparition de la mortalité infantile, celle-là même qui touchait la moitié des humains il y a moins de trois siècles ! Cette même vaccination a permis au 20ème siècle les progrès foudroyants dans l’espérance de vie en Afrique ou en Asie.
On comprend aussi que si la vaccination a des effets secondaires négatifs pour quelques enfants, les bénéfices sont tels qu’il n’y a pas beaucoup d’hésitation chez les décideurs. Or il suffit de lire n’importe lequel des documents qu’on trouve dans toute boîte de médicaments pour comprendre que tout médicament quel qu’il soit est susceptible de présenter des effets négatifs chez une partie, parfois très faible, des utilisateurs. Cela n’empêche bien entendu pas de mettre ces médicaments sur le marché après une analyse bénéfices/ risques.
Dans le cas des vaccins, il y donc probablement des effets secondaires qui touchent quelques individus. C’est ce que sont venus dire certains chercheurs, en précisant de quels effets secondaires il s’agit, d’autres soulignant que le lien entre la vaccination et les dits effets secondaires n’est pas vraiment bien établi et que le taux de risques ne l’est pas non plus : il est clair qu’on a un phénomène très marginal, ce qui explique qu’il est mal connu. Un point d’accord entre les intervenants est bien sur l’utilité d’améliorer la connaissance sur le sujet, chaque partie pensant probablement que cette meilleure connaissance lui donnera raison.
L’un des points clés du débat est celui des adjuvants utilisés et en particulier les sels d’aluminium. L’audition a permis de rappeler que ces sels ont été introduits pour certains vaccins, car en leur absence, la réponse immunitaire n’était pas pérenne. Ils sont donc indispensables à l’efficacité du vaccin. On peut imaginer de remplacer cet adjuvant par d’autres qui auraient moins de risques à condition bien sûr d’en trouver !. Le Dr Alain Sabouraud, de Sanofi Pasteur explique pages 70 et suivantes que ce type de recherche ne peut pas déboucher avant 15 ans, le temps de faire toutes les vérifications nécessaires sur les produits envisagés.
Dans les commentaires sur la décision du conseil constitutionnel, quelqu’un écrit que ceux qui ne se vaccinent pas ne font courir de risques qu’à eux-mêmes. On pourrait objecter que ce risque est minime pour eux parce que la vaccination de tous les autres a conduit à une quasi éradication de la maladie, du moins en Europe. Mais en fait l’affirmation est fausse : toute personne qui refuse de se vacciner augmente le risque pour tous ceux qui comme lui ne sont pas vaccinés. Ce n’est donc pas une simple décision individuelle.
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