La Grèce et les autres pays de l’euro-groupe ont fini par trouver un compromis ce vendredi, prélude à de futures autres périodes de tension. L’accord ne porte que sur une période de quatre mois, et devra encore être détaillé et validé lundi et mardi. Le fait que toutes les parties prenantes prétendent avoir eu gain de cause montre que le compromis n’est pas trop mauvais !
Le ministre des finances grec Yanis Varoufakis a déclaré qu’ »Athènes pourra se présenter désormais en "coauteur des réformes et de sa destinée", plutôt qu'en élève soumis ». Le premier ministre Alexis Tsipras a estimé avoir "gagné une bataille", avec un accord qui "laisse derrière (lui) austérité, mémorandum, troïka" mais estime que la route sera longue et difficile".
A lire la presse française, on a pourtant l’impression que les Grecs ont dû accepter de continuer la politique précédente, de respecter leurs engagements financiers et de ne prendre aucune mesure de nature à remettre en cause les objectifs financiers attendus.
Pour la presse conservatrice allemande, la Grèce a plié et a dû revenir à la réalité.
Si l’on considère que le nouveau gouvernement grec voulait faire une politique très sociale mais aussi très dépensière, en la faisant payer par ses partenaires européens, il est clair que ces derniers lui ont fait comprendre qu’il n’en est pas question. Les promesses de hausse du salaire minimum ou des petites retraites ont du plomb dans l’aile.
Sauf si la lutte contre la corruption et la fraude fiscale lui donnent les résultats qu’il attend. Mais de ce côté, la position de ses partenaires tient beaucoup plus du scepticisme que de l’opposition : sur ces points, ils ne demandent pas mieux que le gouvernement grec réussisse. Ils savent cependant par expérience que cela ira lentement et prendra du temps !
Qu’ont obtenu objectivement les grecs ?
- Un délai pour préparer un nouveau plan. Mais ce délai n’est que de quatre mois pour six demandés, et d’ici là, il n’est pas question de revenir sur les engagements précédents
- Le principe de revoir à la baisse l’objectif de 3 % d’excédent primaire, sans que la valeur de 1.5% demandée (le niveau de 2014) soit acceptée. Ce point reste à négocier
- La disparition du contrôle par la troïka, celle-ci étant remplacée par « les institutions », c’est à dire en fait les mêmes
- La possibilité de définir eux-mêmes les moyens de leur équilibre économique. Mais cette possibilité a toujours existé sur le papier : après tout, c’est parce que le débiteur ne prend pas les moyens d’action efficaces que le créancier lui dicte sa conduite. Sur ce point, le ministre grec risque d’avoir des déconvenues !
A lire la presse, le nouveau gouvernement grec, et surtout le ministre des finances, ont surtout réussi à créer de la méfiance chez leurs partenaires, ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle pour leur pays, ni pour l’Europe.
Le fait positif est que les membres de l’euro-zone (y compris la Grèce) ne veulent pas d’une sortie de la Grèce. Mais cette volonté n’est pas à n’importe quel prix, des deux côtés. L’accord de vendredi semble montrer que ces «pas à n’importe quel prix » laissent une possibilité de terrain d’accord entre les deux parties.
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