Les élections cantonales auront lieu les 22 et 29 mars, soit très bientôt, ce qui mobilise les partis politiques dont les leaders ont en même temps en tête l’échéance « suprême » de 2017. Alors que le PS s’attend à perdre de nombreux conseils généraux, c’est l’UMP qui a le plus de soucis à se faire.
Pour la première fois, le scrutin cantonal concernera tous les départements, alors que la moitié était renouvelée tous les trois ans jusqu’à présent. Ceux qui ont été élus il y a trois ans en sont pour leur frais puisque leur mandat a duré trois ans au lieu de six.
Les conditions d’accessibilité au second tour ont également été durcies, avec une barre à 12.5 % des inscrits, d’autant plus redoutable si la participation est faible. Avec 50 % de participation, la barre est à 25 % des votants. Avec les scores observés dans la récente législative partielle du Doubs, seuls deux candidats restent en lice au deuxième tour. Or il y a au moins trois partis qui veulent être (presque) toujours au second tour : le PS, le FN et l’UMP. Il faut donc s’attendre à d’assez nombreux duels entre le FN et l’un des deux autres principaux partis.
La droite et le centre ont tirés les enseignements de la règle utilisée et ont bâti des listes communes. Ce n’est pas le cas à gauche où EELV est plus souvent dans une alliance avec le Front de gauche qu’avec le PS.
Avec des milliers de duels en perspectives (il y a un peu plus de 2000 cantons, avec un homme et une femme élus à chaque fois), il y aura forcément des élus FN. Ce parti compte même conquérir la majorité dans plusieurs départements (le Var et le Vaucluse par exemple) ce qui serait un événement important (mais qui risque de ne pas soulever les réactions de 2002) avant un nouveau coup de tonnerre pour les régionales.
L’UMP risque d’être à la peine, alors qu’on prédit un recul massif des socialistes. L’élection du Doubs a en effet montré que ce recul pouvait profiter plus au FN qu’à l’UMP. Il faut dire que si le PS a été obligé de faire un peu de ménage en son sein sous la pression médiatique, l’UMP, qui a lui aussi beaucoup de casseroles, ne les a pas traitées, et en premier lieu celles attachées à son nouveau président. Il me semble qu’il s’agit pour la droite d’une erreur majeure, qui risque de lui coûter extrêmement cher dans les prochaines années. Comment notamment attaquer le FN pour des raisons morales avec tant de casseroles?
Dans l’immédiat, le plus difficile pour l’UMP sera les situations où il n’y aura ni majorité de gauche ni majorité de droite, le FN s’installant comme arbitre (avec les cas particuliers quand c’est lui qui aura le plus d’élus). Que faire ? Faire alliance avec le PS ou avec le FN ? L’alliance avec le PS conforterait le discours UMPS cher à Marine le Pen. L’expérience autrichienne a montré qu’une alliance entre la droite et l’extrême droite peut être très préjudiciable à cette dernière mais rien ne prouve qu’il en serait de même ici.
Ceci dit, devoir faire ce genre de choix posera autant de problèmes au PS et au FN. La droite a déjà connu cette situation dans les années 80 pour les régions, la gauche ayant ensuite assez bien su ostraciser les présidents de région concernés. Mais le FN n’était pas au même niveau à l’époque.
On pourrait très bien avoir des dizaines de départements sans majorité.
Les commentaires récents