Les dépenses faites à divers titres pour Thierry le Paon, secrétaire général de la CGT ont fini par le forcer à démissionner. Il a cependant réussi à entrainer l’ensemble de la direction avec lui et à se faire désigner pour proposer un secrétaire, ce lundi à la commission exécutive, qui devrait lui être favorable( la Commission a approuvé la proposition par 28 voix pour, 18 contre et 6 abstentions), et mardi au Comité Confédéral National, qui l‘est nettement moins.
Le journal Les Echos est depuis le début des problèmes du secrétaire général celui qui a les articles les plus fouillés et apparemment les mieux informés. Ce matin, il donnait la composition de la nouvelle direction proposée par le secrétaire général démissionnaire, direction qui ne comprendrait aucun des membres actuels et serait dirigé par Philippe Martinez, un ancien de Renault actuel responsable de la fédération de la métallurgie.
Il rapportait aussi un certain nombre des manœuvres menées en coulisse, comme celle d’accuser de complot les socialistes. Manifestement, le climat est plus au conflit qu’à la sérénité, certains cherchant à sauver leur place quand d’autres veulent au contraire donner un coup de balai.
Ce qui n’apparait pas clairement, c’est dans quelle mesure la CGT est face à des questions de personnes (avec les égos qui vont avec) ou des questions de ligne politique : très probablement les deux, mais sans que les lignes en présence ne soient vraiment claires. Il est dit que Thierry Le Paon et ses prédécesseurs sont des réformistes qui ont du mal à faire changer la centrale du fait des « enclumes », ceux qui ne veulent pas changer. Mais on voit pas très bien comme la CGT peut faire évoluer son positionnement sous peine de laisser de la place à SUD ou à la CFDT. D’un autre coté il semble que les plus conservateurs n’ont pas de leader à présenter.
La désignation de la direction doit se faire à la majorité des deux tiers, une majorité difficle à recueillir dans une organisation divisée. Déjà Bernard Thibaud n’a pu faire désigner celle qu’il avait proposé pour lui succéder. Ce qui explique qu’au final se soit un outsider qui a été élu.
Un autre système désigne son leader à une majorité des deux tiers, c’est l’église catholique. On constate que la construction du compromis nécessaire n‘est pas simple : il a fallu 14 tours pour élire Pie XI et une moyenne de 7 tours sur les 8 dernières élections. Mais les cardinaux sont bien obligés de se mettre d’accord : ils sont enfermés jusqu’à ce qu’ils trouvent un accord entre eux. Ce n’est pas le cas du Comité Confédéral National. On peut donc se retrouver dans une période d’incertitude pendant plusieurs mois si un accord n’est pas trouvé ce mardi.
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