En raison d’un hiver peu rigoureux et d’une épidémie de grippe saisonnière de faible intensité, au contraire des deux années précédentes, la France a vu son nombre de décès baisser en 2014, malgré le vieillissement et l’accroissement de la population. L’espérance de vie est en nette hausse pour les hommes comme pour les femmes.
Le nombre de décès est en 2014 en baisse de 14 000 par rapport à l’année précédente. Pourtant, le nombre de plus de 65 ans est en forte hausse dans la population, en réalité depuis l’arrivée des classes du baby-boom à cet âge, c’est-à-dire depuis 2010, un effet qui s’ajoute à celui de l’accroissement de la longévité.
Les conditions climatiques et épidémiologiques peuvent faire varier le nombre de décès d’une année et par ricochet l’espérance de vie, telle qu’elle est calculée avec ces décès. C’est ainsi que ce calcul a donné une baisse de l’espérance de vie des femmes en 2012 (de 0.2 ans), puis une hausse équivalente en 2013 et une hausse plus nette cette année, de 0.4 ans. Il est donc vain de vouloir tirer des conclusions d’une variation annuelle, comme certains ont voulu le faire pour affirmer que l’espérance de vie commençait à baisser.
Il vaut mieux prendre un peu de recul pour tirer des conclusions. On observe ainsi qu’entre 2004 et 2014 l’espérance de vie des hommes a gagné 2.5 ans (dont 1.2 entre 2010 et 2014) et que celle des femmes n’en a gagné « que » 1.6. Avec 79.2 ans d’espérance de vie en 2014 pour les hommes et 85.4 ans pour les femmes, l’écart hommes/femmes est en baisse à 6.2 ans mais reste plus élevée qu’ailleurs en Europe. La diminution de l’écart avait été annoncée depuis longtemps, en raison des évolutions contrastées du tabagisme selon les sexes.
Il est remarquable d’observer que l’espérance de vie a continuer à augmenter de 3 mois par an pour les hommes, comme elle le fait depuis plus d’un siècle. Les prévisions de l’INED à l’horizon 2060 sont cependant d’une diminution du rythme, à des niveaux qui resteront malgré tout encore impressionnants. Jusqu’où ? Un numéro de fin 2010 de la revue de l’INED Population et Société montrait qu’on avait gagné 50 ans d’espérance de vie pour les hommes et 57 ans pour les femmes en 250 ans et expliquait comment cela s’était fait. L’auteur concluait ainsi :
La progression de l’espérance de vie dans les pays les plus favorisés a encore de beaux jours devant elle, mais rien ne permet d’affirmer qu’elle peut se poursuivre longtemps à son rythme actuel. Il est très probable que l’espérance de vie dépasse un jour 100 ans, mais il est déraisonnable d’affirmer que ce sera précisément le cas de telle ou telle génération déjà née.
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