Elu secrétaire général de la CGT le 22 mars 2013, Thierry Le Paon a quitté alors le poste qu’il occupait depuis 2006 à la tête de la fédération régionale de la Basse Normandie de ce syndicat. Ce départ s’est fait sous la forme d’une rupture conventionnelle, ce qui s’est traduit pour lui par des indemnités de licenciement.
Le montant de ces indemnités serait de l’ordre de 30 000 € d’après le Monde daté du 5 décembre. Légalement, l’indemnité est au moins égale à « un cinquième de mois de salaire par année d’ancienneté, auquel s’ajoutent deux quinzièmes de mois par année au-delà de 10 ans d’ancienneté », mais elle peut être plus importante, selon les conventions collectives. Comme Thierry Le Pon a été salarié de Moulinex au moins jusque 2001, l’indemnité citée par le Monde est particulièrement favorable, mais il est possible qu’il ait négocié au moment de son embauche par la CGT une reprise de son ancienneté Moulinex, ce qui rendrait plus plausible ce montant.
Le fait que la CGT confédérale et celle de Basse Normandie ne constituent pas juridiquement un même employeur est parfaitement possible (même si les syndicats essaient d’obtenir dans des cas semblables l’existence d’une UES, unité économique et sociale). Mais la forme dont s’est fait pour le secrétaire général de la CGT amène au moins deux remarques :
Premièrement, dans un groupe privé, une telle situation ne se serait pas traduite par un licenciement mais par la reprise par le nouvel employeur de l’ancienneté de la personne chez son employeur précédent.
Deuxièmement, on imagine que ce n’est pas la première fois à la CGT qu’un salarié passe d’une structure à l’autre : quelle est alors la pratique ? Si ce qui a été fait pour Le Paon est la norme, pourquoi cela n’a-t-il pas été dit ? Et dans le cas contraire, pourquoi ce traitement particulier ?
Les révélations du Canard sur les travaux réalisés pour le numéro 1 de la CGT puis celle sur les indemnités de licenciement montrent un syndicaliste qui abuse de sa position à son profit personnel, au point que certains envisagent sérieusement de le débarquer. Or, malheureusement, cette situation semble plus répandue qu’on pourrait le penser. Au point que deux chercheurs en sciences sociales, Dominique Andolfatto, Dominique Labbé, ont pu écrire en dans leur ouvrage « Sociologie des syndicats » que la professionnalisation des syndicats pouvait aller jusqu’à la situation où les syndicalistes d’une entreprise négociaient des avantages pour les élus au détriment du personnel qu’ils étaient censés représenter. Cas extrême comme celui du leader de la CGT, mais qui ne participe pas à donner aux salariés une image positive de leurs représentants au moment où, en tant que citoyens, ils n’ont pas non plus une image positive des politiques !
On notera cependant que les sommes avancées pour Thierry Le Paon n'ont rien à voir avec celles qui avaienty été évoquées pour certains hommes politiques, à commencer par Jérôme Cahuzac
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