Le grand nombre de listes qui se présentent dans ma circonscription de l’Ile de France (31) pourrait faire penser qu’il n’y a que l’embarras du choix. Aux rares échos que j’ai eu de la campagne, j’ai cependant eu l’impression que le discours dominant ne sortait guère d’une vision très franco-française des problèmes.
Finalement, je n’ai reçu que 15 professions de foi, dont une en double : il y a donc 17 listes qui n’ont pas eu les moyens de payer l’impression d’une dizaine de millions de pages pour se présenter. Certaines ont cependant mis des affiches sur les panneaux à leurs dispositions, avec souvent la mention qu’il faut aller sur leur site pour imprimer le bulletin, ce qui signifie qu’il ne sera pas dans les bureaux de vote. Là aussi, imprimer plus de 10 millions de bulletins, cela coûte cher.
Il y a eu 193 listes déposées au total en France, contre 160 en 2009. Déposer une liste est un moyen de faire parler de soi, mais si après on ne donne même pas un bulletin, j’avoue ne pas bien comprendre l’intérêt. A noter que même le NPA de Besancenot n’a pas envoyé de profession de foi, à croire qu’à force de prendre des claques aux élections (et donc de ne pas être remboursé), ce parti n’a plus d’argent.
Parmi ces 14 listes qui ont envoyé leur profession de foi, on trouve bien sûr les classiques, du FN à Lutte ouvrière en passant par l’UMP, l’UDI/ Modem, le PS, EELV et le Front de Gauche. Parmi les 7 autres, on trouve Nicolas Dupont Aignan, Corinne Lepage et Christine Boutin.
Une liste UPR nous propose de sortir de l’UE. A les lire, j’ai fait l’hypothèse qu’il s’agissait d’anciens RPR, mais leur programme ne m’a pas donné envie d’en savoir plus.
L’Alliance écologiste indépendante s’était constituée pour les européennes de 2009, où elle avait obtenu le beau score de 3.6% (contre 16.28% à Europe Ecologie) mais Wikipédia m’explique que l’alliance des trois partis constitutifs avait ensuite rapidement volé en éclats.
Nouvelle Donne est le parti lancé par Pierre Larrouturou en novembre 2013, avec des militants socialistes issus d’une motion ayant obtenu 11.78 % des voix au congrès de Toulouse. Il a été rejoint par une député EELV du Calvados, Isabelle Attard, et par deux députées européennes sortantes (du PS et d’EELV) n’ayant pas eu l’investiture de leur parti pour cette élection, ainsi que par deux conseillers régionaux issus l’un du MODEM, l’auitre du PG.
Le nouveau parti revendique 8 000 adhérents et des têtes d’affiche connues comme Bruno Gaccio des guignols de Canal Plus (mais Patrice Pelloux, l’urgentiste dont le nom est cité dans les tracts, vient de ruer dans les brancards). Sur le papier, de quoi faire un gros score, au point qu’à son lancement il a visé de dépasser le PS. Dans la réalité, il reste sur les utopies de ses fondateurs. Son président revendique toujours le partage du travail, sans jamais préciser par exemple comment on fera faire le travail des infirmières (métier dans lequel existe toujours une pénurie) par des personnes qui n’en ont pas la formation. On se demande ce que vient faire cette proposition dans une élection européenne !
Dernière profession de foi, celle de Nous citoyens, parti fondé il y a un an par Denis Payre, fondateur de Business Objects, une société de logiciel devenue leader mondial sur son créneau, puis de Croissance plus, un club d’entrepreneurs. Plusieurs de mes amis rencontrés chez Energies Démocrates ont rejoint ce parti, sur représenté comme le précédent parmi les cadres supérieurs du privé. Ce parti se veut avant tout citoyen et veut faire fonctionner l’Europe (« notre destin commun ») « à sa juste place ». Je ne le rejoins pas sur l’idée de faire baisser l’euro.
Parmi les 7 partis connus, on me permettra d’écarter rapidement le Front National et le Front de Gauche, ainsi que Lutte Ouvrière. Les professions de foi des quatre autres se présentent comme pro européennes, même quand elles veulent changer le modèle.
Alain Lamassoure, qui dirige chez moi la liste UMP, est résolument pro européen. On peut avoir envie comme lui de dire « oui à une Europe plus efficace » sans vouloir pour autant qu’elle soit « au service des (seuls) Français » (naïvement, j’imaginerais volontiers qu’elle pourrait être au service des citoyens européens), ni de dire NON à François Hollande (ce n’est pas le sujet !) ;
La liste commune UDI / Modem dirigée chez moi par Marielle de Sarnez représente un courant qui a toujours été fortement pro européen, ce qui est pour moi un point fort. Je ne me retrouve pas forcément dans tout ce que la liste propose (encore le mythe de l’harmonisation sociale et fiscale pour que nos entreprises ne soient pas pénalisées par la concurrence) : est-on sûr que nos voisins nous envient « notre modèle de soutien à la création culturelle » que la liste veut promouvoir ? Peut-on imaginer un instant que l’Europe soit riche de ses différences, et qu’il n’est pas obligatoire de « ne voir qu’une tête ? »
La tête de liste du PS, Pervenche Pères, a pour et contre elle d’avoir déjà 4 mandats d’euro députée, et à mon avis le défaut d’avoir milité contre le projet de constitution européenne alors qu’elle avait participé à son écriture et savait combien une partie des arguments du non était des mensonges. Le PS, qui propose de « choisir notre Europe » rêve encore de dépenses (« permettre que ces investissements d’avenir ne comptent pas dans le calcul du déficit »).
Les Verts sont, comme les anciens de l’UDF retrouvés, des pro européens de toujours. Malheureusement, tous les membres d’EELV ne sont pas des libéraux et des démocrates comme Daniel Cohn-Bendit. Leur idée de changer de modèle économique et d’en finir avec le marché roi illustre les illusions françaises en économie. Et mes lecteurs savent à quel point m’insupportent leur sectarisme et leurs phobies dans le domaine de l’écologie.
Pas simple de choisir. Le seul qui a su me convaincre dans cette campagne, c’est Jean Louis Borloo. Peut-être parce qu’il a quitté les logiques de recherche de pouvoir personnel.
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