Une fois qu’on aura dit et répété que les solutions préconisées par Marine Le Pen sont débiles et pires que le mal, il faudra bien se décider à affronter les problèmes qui ont conduit un quart des électeurs qui se sont exprimés dans les urnes à choisir le vote FN : la gestion économique de l’Europe, le chômage massif des moins qualifiés et la perte totale de crédibilité des élites politiques.
On peut être, comme je le suis, un fervent partisan de l’Europe et de l’euro, et constater que la monnaie commune n’a pas apporté la croissance promise et a au contraire empêché les pays du sud de l’Europe de mettre en œuvre cette médecine apparemment douce qu’est la dévaluation.
Sans revenir sur l’analyse détaillée, le constat est assez simple : les structures de pilotage communes et celles de chaque Etat n’ont pas permis de réagir suffisamment tôt à l’accumulation année après année d’un écart de compétitivité entre l’Allemagne (et quelques autre petits pays) d’un côté, et la France et les pays du Sud de l’autre. L’Allemagne, qui a mené à outrance une politique mercantiliste, est également une des grandes coupables de la situation. Si la crise financière internationale a servi de déclencheur à la crise de l’euro, les divergences entre pays de la zone ne pouvaient que mener à la catastrophe.
Je ne suis pas sûr que les dirigeants nationaux aient vraiment compris la leçon et qu’ils ne recommenceront pas demain les mêmes erreurs. Pour le court terme, il me semble que seule une augmentation substantielle des salaires allemands (par exemple de 3 à 4 % par an, indépendamment de la création d’un SMIC, pendant 2 à 4 ans) est susceptible de redonner un peu d’oxygène, au moins à notre pays, tout en éloignant le spectre de la déflation pour la zone dans son ensemble.
La défiance envers les politiques a atteint des sommets dans notre pays. Il est vrai que ce n’est pas avec les affaires Bygmalion ou Cahuzac qu’on va changer le point de vue du citoyen moyen. Face à une telle situation, il ne faut plus se contenter de petites réformes, par ailleurs combattues pied à pied et souvent dénaturées par des élus inconscients de ce qui se joue.
N’étant pas un spécialiste du sujet, je ne peux faire l’inventaire des actions à mener, mais j’en citerais au moins trois :
· toute condamnation dans le cadre d’un mandat devrait déboucher sur une inéligibilité à vie (qui nous éviterait de voir réapparaitre des Balkany, Mellick ou autre Carignon et même Nicolas Sarkozy suite à l’histoire des comptes de campagne)
· Les députés et sénateurs ne doivent plus avoir un régime de retraite spécifique mais cotiser au régime général comme tout le monde
· Le cumul d’un emploi de cabinet (à tous les niveaux d’administration) et d’un mandat devrait être interdit
Je pense à la suite de l’œuvre de Cahuc et Algan, la société de défiance, qu’il faut également supprimer la dimension corporatiste de notre système de protection sociale, mais là aussi, il y aura de sacrées résistances !
Dernier point enfin, la question des moins qualifiés. Cela fait environ 40 ans que nous avons un chômage massif dans cette catégorie, au moins chez les jeunes. Toutes les études ont montré que le niveau du SMIC (au moins le rapport entre celui-ci et le salaire médian) en est une raison majeure. Combien de temps va-t-on encore attendre pour des mesures radicales ? La première devrait déjà être la suppression de la formule d’indexation et le blocage du SMIC pendant quelques années (en fait il faudrait faire l’équivalent de ce qu »’a fait l’Allemagne il y a dix ans, donc baisser dès aujourd’hui le SMIC).
Honnêtement, je ne m’attends pas à ce que ces mesures indispensables soient mises en œuvre.
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