La stricte alternance hommes / femmes sur les listes de candidats ne suffit pas à garantir au final la parité du nombre d’élus, le choix de la tête de liste ayant un impact majeur chaque fois qu’une liste a un nombre impair d’élus, ce qui est arrivé bien souvent à ces européennes, au point de créer de fortes disparités dans certaines régions.
Si une liste a deux ou quatre élus, elle aura mécaniquement autant d’élus femmes que d’élus hommes. Au contraire, si le nombre d’élus est impair (1, 3 ou 5), l’un des sexes aura un élu de plus que l’autre, et cela dépend uniquement de la tête de liste.
La circonscription Nord-Ouest avait 10 sièges à pourvoir et pouvait déboucher sur une parité parfaite. L’UMP, avec ses deux sièges, a eu la parité, ce qui n’a pas été le cas des 4 autres listes ayant des élus (5 pour le FN et 1 pour chacune des trois autres listes). Le FN avec Marine Le Pen, EELV avec Karima Delli ont compensé les têtes de listes masculines du PS (Gilles Pargenaux) et de l’UDI Modem (Dominique Riquet) pour arriver au total à une parfaite égalité.
Ce n’était de toutes manières pas possible pour la circonscription Ouest qui offrait 9 sièges. Là, ce sont les listes FN et PS qui, avec deux élus chacune, affichent la stricte parité. Mais les trois listes à nombre impair d’élus (UMP, UDI Modem et EELV) avaient une tête de liste masculine. Au final, la circonscription envoie 3 femmes et 6 hommes à Strasbourg.
Il n’en est pas de même dans la circonscription Est, qui bénéficie elle aussi de 9 sièges : le FN a 4 élus et donc la parité, mais les têtes de listes féminines de l’UMP et de l’UDI Modem font plus que compenser la tête de liste socialiste. Au final, il y a 5 femmes et 4 hommes parmi les élus.
La région Massif Central Centre n’a que 5 élus, dont 2 pour chacune des listes FN et UMP et un masculin pour le PS. Au total, 3 hommes et deux femmes. Trois têtes de listes masculines pour les trois listes qui ont eu ici des élus, et trois têtes de listes féminines pour les trois partis qui suivent et n’ont pas d’élus. Il est plus facile de mettre une femme en tête quand la probabilité de gagner est faible…
Avec 10 sièges à pourvoir, le Sud-Ouest pouvait atteindre la parité, comme le Nord-Ouest. Las, les deux listes qui avaient une tête de liste féminine (l’UMP et le PS) ont chacune deux élus, alors que les 4 autres listes qui ont un nombre impair d’élus (FN, EELV, UDI Modem et FG) avaient une tête de liste masculine. Résultat, la circonscription envoie 3 femmes et 7 hommes à Strasbourg…
Avec 13 sièges, le Sud-Est ne pouvait pas non plus atteindre la parité. Heureusement pour les femmes, les trois têtes de listes féminines d’EELV, UDI Modem et FG font plus que compenser les têtes de liste masculines du FN et de l’UMP. Seule la liste PS, menée par Vincent Peillon, a eu un nombre pair d’élus. Au final, 7 femmes et 6 hommes sont élus.
L’Ile France a aussi un nombre impair de sièges (15). L’UMP, l’UDI Modem et EELV ont un nombre pair de sièges, le FN et le PG une tête de liste masculine, le PS une tête de liste féminine. Au final, 8 hommes et 7 femmes.
L’outre-mer pour finir, avec trois élus appartenant à 3 listes différentes, n’a élu que des hommes…
Le bilan est donc déséquilibré avec 42 hommes et 32 femmes. Si on regarde par parti, seul EELV affiche la parité parfaite avec 3 hommes et 3 femmes. L’UDI Modem a 4 hommes et 3 femmes, le Front de Gauche 2 hommes et 1 femme. Ces deux derniers partis ne pouvaient avoir la parité avec un nombre impair d’élus, mais si on compte le divers gauche d’outre –mer comme FG, ce parti a 3 hommes et une femme comme élus.
L’UMP a 11 hommes et 9 femmes parmi ses élus, le FN 13 hommes et 11 femmes. Le PS a 8 hommes et 5 femmes, c’est lui qui est le plus déséquilibré.
Si l’on se tourne vers les candidats, le FN avait 6 hommes et 2 femmes parmi les têtes de liste. Si son résultat final n’est pas plus déséquilibré, c »est que la liste menée par Marine le Pen a eu un nombre impair d’élus et que 4 listes en ont eu un nombre pair.
EELV avait 5 femmes (sur 8) comme têtes de liste, l’UDI Modem 4, le Front de gauche et le PS 3, l’UMP et le FN seulement 2.
On notera pour finir que si toutes les têtes de liste avaient été des hommes, il n’y aurait eu que 24 femmes élues. A contrario, si le scrutin avait été national et que les partis avaient eu le même nombre d’élus (ce qui n’aurait en fait pas été le cas), 36 femmes et 38 hommes auraient été élus (dans l’hypothèse où les têtes de liste des partis ayant eu un nombre impair d’élus avaient été des hommes). Le scrutin par circonscription, conçu pour réduire la dispersion des listes et le nombre d’élus aux extrêmes (objectifs particulièrement bien atteints comme on le voit), se révèle défavorable aux femmes.
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