Une enquête récemment publiée par le CEREQ montre qu’en 2013, trois ans après leur sortie du système éducatif, 22 % des jeunes actifs sont à la recherche d’un emploi. L’accès à l’emploi est très inégalitaire : 62% y accèdent en moins de trois mois et 12 % ont travaillé moins de 10% des trente-six mois écoulés après la sortie.
L’en tête de la publication du CEREQ dit l’essentiel à retenir, que je reprends donc in extenso : En 2013, trois ans après leur sortie du système éducatif, 22 % des jeunes actifs sont en recherche d’emploi. Il s’agit du niveau le plus haut jamais observé dans les enquêtes d’insertion du Céreq. La hausse, par rapport à la Génération 2004, est de 16 points pour les non-diplômés et de 3 points pour les diplômés du supérieur long. Toutefois, les premiers emplois ne sont ni plus précaires, ni moins rémunérateurs.
On n’est pas étonné que la génération 2010 qui arrive en pleine crise, s’en sorte beaucoup moins bien que la génération 2004, qui a bénéficié au contraire des périodes plus porteuses, au moins en 2006/ 2007. Mais si toutes les catégories voient leur niveau de chômage augmenter, la situation diffère radicalement selon le diplôme. Pour les diplômés du supérieur long, au bout de 3 ans, le taux de chômage est passé de 6 à 9 % et 80 % des jeunes en emploi sont en CDI
Au bout de trois ans, 48 % des non diplômés, soit presque la moitié, sont au chômage et 59 % sont sans emploi (ce qui signifie que 11% ont apparemment abandonné la recherche d’un emploi, pour une nouvelle formation ou pour d'autres raisons).40% de ceux qui ont un emploi sont en CDI et 18% sont en temps partiel contraint.
Si la situation de non diplômés s’est encore aggravée entre la génération 2004 et la génération 2010 (taux de chômage passé de 32 à 48%), la difficulté de cette catégorie n’est pas une nouveauté, et les taux de chômage ont antérieurement été pires que ceux observés en 2004.
Plus nouveau me semble t’il est la situation des titulaires d’un CAP ou un BEP : leur taux de chômage a presque doublé, passant de 17 à 32 %. La dégradation est plus forte pour les hommes que pour les filles (qui restent malgré tout avec un taux de chômage plus élevé) signe probablement d’un faible flux d’embauche dans l’industrie et de la préférence des employeurs pour les titulaires d’un bac professionnel. Ceux-ci voient leur taux de chômage passer de 13 à 20 %. L’écart de taux de chômage entre titulaires d’un CAP ou d’un bac pro passe donc de 4% à 12 % !
L’étude aborde aussi le temps passé dans l’emploi par les jeunes, tout au long des trois ans. Les non diplômés ont passés en moyenne 14 mois en emploi, autant au chômage, 3 mois en reprise d’étude ou formation et 5 mois en « autre inactivité ». Les diplômés de l’enseignement supérieur long ont passés 30 mois sur 36 en emploi et ceux de l’enseignement supérieur court 28 mois.
L’étude présente aussi la part de ceux qui ont eu un accès rapide à l’emlpoi à la fin de leurs études, c’est-à-dire en moins de trois mois, ceux qui ont eu un emploi quasi permanent (c’est à) dire au moins 90 % des 36 mois) et ceux qui à contrario sont restés éloigns de l’emploi (ils y ont été moins de 10 % des 36 mois).
Pour les diplômés du supérieur, l’accès rapide à l’emploi a été plus fréquent pour la génération 2010 que pour la génération 2004 : +1% pour le supérieur court et +7 % pour l supérieur long, pour arriver à un niveau quasiment identique de 75/76% Dit autrement, les trois quarts des étudiants diplômés ont trouvé très vite un emploi. Et celui-ci était mieux payé que 6 ans avant : + 40 euros par mois en euros constants.
Sans surprise, ce sont les bac +2/3 du domaine santé/social qui s’en sortent le mieux avec 95% d’accès rapide à l’emploi , 2% de taux de chômage au bout de 3 ans et un salaire supérieur de plus de 200 euros par mois à ceux des autres diplômés de l’enseignement court.
A l’autre bout de l’échelle, les non- diplômés ne sont que 32 % à avoir eu un accès rapide à l’emploi, 14% à avoir eu un emploi quasi permanent mais ils sont 36% à ne quasiment jamais avoir été au travail.
Au bout de trois ans, les deux tiers des jeunes en emploi sont en CDI (ce qui signifie un tiers ne le sont pas), mais ils le sont à 93% s’ils sortent d’une école de commerce ou d’ingénieur et à 40 % s’ils sont non diplômés. Sur 100 jeunes non diplômés, on compte 59 jeunes sans emploi et 16 jeunes en CDI (soit un sur six !). Du coup, 9% de ces jeunes ont repris des études et 13% sont en contrat de qualification ou en alternance, ce qui devrait leur permettre de repartir dans de meilleurs conditions sur le marché du travail.
La lettre se termine ainsi :
Dans un contexte conjoncturel dégradé, l’enquête Génération 2010 confirme que la transition de l’école à l’emploi s’avère bien plus difficile. Elle révèle surtout que les écarts entre les niveaux de diplôme se creusent. Ce phénomène n’est pas entièrement nouveau. Par le passé, ces disparités, accrues en période de mauvaise conjoncture, s’atténuaient dans la phase de reprise économique. Mais l’avenir nous dira si cette crise persistante aura simplement un effet conjoncturel ou si, de par son ampleur, elle aura bouleversé de manière plus structurelle l’insertion professionnelle des débutants.
Il reste qu’une partie des jeunes de cette Génération, pour la majorité sans diplôme, n’ont pas franchi en trois ans la barrière de l’emploi, avec un risque d’exclusion sociale accru. Le suivi de cette cohorte par de nouvelles enquêtes en 2015 et 2017 permettra d’appréhender leur parcours sur plus long terme.
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