Dans l’affaire des quais à raboter pour faire passer les futures rames de TER, la machine politico-médiatique s’est emballée pendant quelques heures, le temps de passer au point suivant. Pour les politiques, en particulier les plus démagogues, l’essentiel était de ne pas paraître responsable d’une erreur, même si celle-ci était imaginaire.
Comment une banale opération de mise aux normes de quais de gares à l’occasion d’un renouvellement de matériel a-t-elle pu prendre de telles proportions? D’après un article cité par Aymeric dans un commentaire sur mon article précédent, c’est Alain Rousset, président de l’association des régions françaises qui aurait lancé le sujet. Un politique, donc.
Si l’affaire a réussi à faire tout ce bruit (elle a notamment été mise en avant par les radios, donc choisie comme une des 6 ou 8 informations jugées importantes de la journée), c’est en partie du fait du hasard du volume d’actualité. Mais la réussite de ce buzz est révélateur de biens des points, conjoncturels ou plus durables.
Le point le plus conjoncturel, ce sont bien sûr les élections de dimanche : pas question pour ceux qui sont au pouvoir dans les régions ou à Paris (donc de fait surtout le PS) de paraître mauvais gestionnaires. D’où la déclaration d’un Jean Jacques Queyranne que sa région ne paierait pas un sou.
Autre point d’actualité, la fusion annoncée entre RFF et la SNCF . Jacques Rapoport et Guillaume Pépy, patrons de ces deux entités, ont profité de l’occasion pour vanter l’opération, juste le jour où de syndicats cheminots appellent à la grève sur le sujet.
Plus durable, la lutte contre les déficits publics, qui réduit les budgets des régions. Alain Rousset, l’homme décrit par Zoé Shepard dans « absolument débordée », doit donc gérer de manière beaucoup plus stricte ses fonds aujourd’hui qu’hier.
Mais ce qui me frappe peut être le plus, c’est ce que cela renvoie de l’image des technocrates qu’a aujourd’hui la population. Ségolène Royal, qui ne rate jamais l’occasion de faire preuve de démagogie et qui a l’art de sentir les opinons populaires, a surfé sur la vague : "C'est consternant!", "Comment des décisions aussi décalées, aussi éloignées du terrain peuvent être prises. Il faudrait que les gens sortent de leur bureaux" et "viennent se rendre compte de la réalité du terrain avant de prendre des décisions qui en plus coûtent très cher.
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