On assiste depuis 2008 à une remontée progressive de l’emploi non salarié, dont la part avait reculée sous les coups du salariat triomphant pendant les trente glorieuses. Alors qu’il ne représente même plus 10% de l’emploi total, il a contribué pour 40% à la croissance de l’emploi en 2011, illustrant un phénomène récent
En 2010, la répartition des 26 816 525 emplois recensés par l’INSEE en France montre à quel point le secteur tertiaire est devenu prépondérant. L’emploi agricole salarié ne représente que 0.86% du total (les agriculteurs sont à leur compte). Avec un peu plus de 3.3 millions de salariés, l’industrie ne compte plus que 12.33% du total (contre 16.1% en 1998). Même si une part du recul de l’emploi industriel est une question de nomenclature (l’externalisation des services de gardiennage ou de nettoyage d’une usine fait passer les emplois concernés de l’industrie aux services), on voit bien à quel point la vie en usine n’est plus au cœur du salariat.
La construction occupe 5.5% des personnes en emploi, en hausse par rapport à 1998 (4.9%) du fait d’une demande dopée par la baisse des taux d’intérêts et l’augmentation des prix de l’ancien.
L’emploi salarié tertiaire représente en 2010 71.97% de l’emploi total, répartis en 42.78% pour le tertiaire marchand et 29.19% pour le tertiaire non marchand, contre respectivement 39.84% et 28.61%.
L’emploi non salarié concernait 2 337 173 personnes en 1998, 2 281 100 en 2002 (en baisse donc, alors que l’emploi total avait augmenté de plus d’un million en quatre ans), 2 394 787 en 2007 (après une nouvelle augmentation de près d’un million de l’emploi total), 2 509 783 en 2010 et encore 51 104 de plus en 2011. En pourcentage de l’emploi total, sa part est de 9.38% en 1998, 8.76% en 2002, 8.86% en 2007, 9.36% en 2010 et 9.51% en 2011.
Cette augmentation récente a certainement été facilitée par la création le 4 août 2008 du statut d’auto entrepreneur. Elle est probablement en partie artificielle (donc non durable) mais elle est aussi une conséquence de deux tendances fortes : celle des entreprises d’externaliser tout ce qu’elles ne considèrent pas comme de leur cœur de métier, et celle des seniors de se mettre à leur compte faute de pouvoir retrouver une activité salariée.
La proportion de non-salariés est un peu moins importante que la moyenne dans les grandes métropoles et au contraire un peu plus importante dans les plus petites des zones d’emploi : c’est probablement l’influence du monde paysan.
Le tertiaire non marchand correspond à quelques exceptions marginales près au secteur financé par des fonds publics. Sa part dans l’emploi (près de 30%) a augmenté légèrement entre 1998 et 2010 mais a reculé en 2010, avec moins de 10 000 emplois créés sur un total de près de 120 000, quand le tertiaire marchand en créait plus de 80 000.
La part de ce tertiaire non marchand varie fortement selon les zones, depuis les 13.90% des Herbiers (une des zones qui connait le plus faible taux de chômage en France) et les 62.32% de Basse Terre. Si l’on met de côté l’outre-mer, la zone d’emploi ayant le taux de tertiaire non marchand le plus élevé est celle de Carcassonne, avec un taux de 46.78% (le 3ème régiment de parachutistes se trouve dans cette ville). On trouve ensuite les zones de Chalons, de Corte, de Bar-le –Duc et de Tulle, toutes zones qui d’après Laurent Davezies, peuvent se faire du souci avec les politiques de réduction du déficit public. Parmi les zones à fort effectif, on trouve d’abord Toulon (42% de tertiaire non marchand, pour des raisons semblables à celles de Carcassonne)) puis Créteil (38.35%), Nancy (37.42%), Poitiers (37.08%), Amiens (36.74%) et Metz (36.38%).
Si l’on examine les 10 zones d’emploi aux plus grands effectifs, on trouve un taux de 22.28 % à Paris(malgré la présence des ministères et de nombreux établissements d’enseignement supérieur), de 26.61% à Lyon, de 28.04% à Toulouse, de 24.98% à Roissy, de 29.81% à Bordeaux, de 25.10% à Saclay, de 32.21% à Marseille, de 27.21% à Nantes, de 33.65% à Lille, et de 29.78% à Grenoble
Si l’on totalise l’ensemble des 19 zones d’emploi situées en Ile de France, on observe que l’emploi total, qui était de 5 551 053 en 2010, soit 20.66% de l’emploi national, a augmenté de 50 030 en 2011, ce qui représente 41.9% de l’augmentation nationale. Le tertiaire non marchand y représentait 24.33% de l’emploi total en 2010 et 24.17% en 2011.
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