La presse publie des chiffres alarmistes sur les conséquences de la pollution atmosphérique, avec par exemple le titre du Monde du 27 mars « la pollution tue plus que le tabac » ou celui de la Dépêche du midi « 42 000 décès en France, un chiffre sérieux ». Et pourtant, la réalité est loin d’être celle que ces titres alarmistes voudraient le faire croire.
La Dépêche publie un entretien avec une chercheuse de l’INVS qui commence par une référence à l’étude « alarmiste » de l’OMS qui « parle de 42 000 décès en France liés à la pollution de l’air ».
42 000 décès, c’est un chiffre énorme à l’échelle de la France, qui compte un peu plus de 500 000 décès par an. Mais il est probable que les lecteurs n’auront pas prêté attention à l’utilisation d’un mot dans la phrase citée : celui de « lié » et non pas « dû ».
La lecture de l’article du Monde va nous permettre de comprendre la différence. Il est signé de ce militant forcené de la cause écologiste qu’est Stéphane Foucart. Les études citées dans la page consacrée au sujet dans le numéro daté du 27 mars montrent que la France dépasse les normes européennes dans le domaine des oxydes d’azote. Notre militant précise donc en fin d’article que ce polluant est notamment produit par les moteurs diésel, laissant ainsi croire qu’il y a une différence sur ce point avec les moteurs à essence. Que ne ferait-on pas pour défendre sa Cause ?
Or donc l’étude de l’OMS évalue à 7 millions le nombre de décès dont serait responsable la pollution de l’air chaque année dans le monde, soit plus que le tabac. L’étude distingue deux types de situation : celle de la pollution de l’air intérieur (dans les habitations ou d’autres espaces fermés) qui est responsable de 4.3 millions de morts et celle de l’air extérieur qui serait responsable de 3.7 millions de morts.
La pollution de l’air intérieur se situe pour l’essentiel dans les pays en développement, à cause des foyers ouverts pour la cuisson ou le chauffage. Pour ceux qui lisent bien, cela signifie qu’avant la révolution industrielle, mais depuis que l’homme vit dans des habitations fermées, la mortalité liée à la pollution de l’air était nettement plus forte qu’aujourd’hui dans notre pays…Et que lurgence est de fermer ces foyers ouverts.
Si on ajoute les décès liés à la pollution interne et ceux liés à la pollution externe, on trouve 8 millions et non 7. Parce que, explique l’article, « l’OMS estime qu’environ 1 million de personnes sont prématurément mortes d’une exposition combinée ». Il ne faut donc pas les compter deux fois.
On peut enfin comprendre ce que veut dire le mot « lié ». la plupart des décès attribués par l’étude à la pollution de l’air sont causés par des problèmes cardiaques. Ces problèmes cardiaques sont généralement multi factoriels : ils peuvent être dus par exemple à la combinaison d’une alimentation trop riche, à un manque d’activité et à la pollution de l’air. On sait que la pollution a un impact mais il est difficile de l’identifier formellement. Par exemple, en cas de pic de pollution, le nombre de personnes qui se présentent aux urgences pour un problème de respiration augmente, par exemple de 50 à 70. Mais on ne peut pas mettre un nom sur les 20 personnes « en plus ». C’est pour cela qu’on parle d’une cinquantaine de morts liés à la pollution atmosphérique dans la Meuse en début décembre 1930 ou d’un nombre entre 5 000 et 10 000 pour le smog de Londres en décembre 1952, sans plus de précision. Le phénomène existe manifestement (il faut donc chercher à le diminuer), mais on ne peut que l’évaluer.
Concrètement, cela signifie que les 42 000 morts prématurément chaque année en France ne sont pas dus à la seule pollution de l’air, mais que celle-ci intervient au moins partiellement dans ces décès. Ce qui évidemment ne veut pas dire du tout la même chose.
Mais qui nous l’explique ? Certainement pas ceux qui veulent agiter ce chiffre comme un épouvantail ! Les mêmes qui ne vous disent jamais que la pollution de l’air a nettement diminué depuis 20 ans (ce qui ne signifie pas qu’il faut arrêter de prendre des mesures pour la diminuer). Les mêmes qui sont prêts à vous affirmer que l’espérance de vie va diminuer à cause de la pollution de l’air !
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