Les USA et l’Union Européenne s’agitent face aux agissements de la Russie de Vladimir Poutine en Ukraine et en particulier en Crimée. Les menaces de sanction économiques n’apparaissant guère plus crédibles que celles d’intervention militaire, on constate avec surprise que ce sont les investisseurs financiers qui ont l’action la plus dangereuse pour la Russie !
Faute de mieux, les pays européens envisagent soit de geler les avoirs de milliardaires russes, soit de bloquer certains échanges. Les milieux économiques réagissent très négativement à l’idée de ces sanctions, en particulier à la City de Londres pour la première mesure (le Monde daté du 26 mars signale que 26 sociétés russes y sont cotées) et en Allemagne pour la seconde (le commerce avec la Russie représente 1.5% de son PIB).
Il ne suffit pas de transformer le G8 en G7 en en excluant temporairement la Russie, ce qui constitue certes un camouflet pour Poutine, il faut bien agir. Pour l’instant, l’action s’est limitée au gel des avoirs de quelques milliardaires soupçonnés de trainer de grosses casseroles, et dans la constitution d’une liste de secteurs concernés par des rétorsions commerciales si la Russie agressait une autre partie de l’Ukraine.
Le 26 mars, le Monde titrait « la Russie fait face à une fuite massive de capitaux ». En moins de trois mois, depuis le début de l’année, il semble que les investisseurs internationaux (mais aussi les russes !) aient retiré 70 milliards de dollars de la Russie, obligeant le pays à augmenter ses taux d’intérêts à court terme jusqu’à 7%, au risque d’enclencher une récession dans le pays.
Après une forte croissance (+ 8% par an) de 2000 à 2008 (sans doute liée à l’augmentation des prix du pétrole et d’autres matières premières), le PIB de la Russie peine à augmenter : +1.3% en 2013(les exportations de gaz et de pétrole sont en recul de 1.3% du fait de la morosité économique mondiale).
L’article du Monde se fait l’écho d’études prévoyant la possibilité d’une récession en Russie pouvant atteindre 2.5% du PIB en cas de sanction sévères. L’impact serait alors négatif sur l’Union Européenne elle-même, l’Allemagne pouvant perdre jusqu’à 0.5% de PIB par rapport à un schéma sans sanctions.
Tout cela est très aléatoire et ne montre finalement qu’une chose : un commerce actif profite aux deux parties, ce que les partisans d’un repli sur les frontières veulent toujours ignorer. Concernant la fuite des capitaux, il est difficile de faire une estimation des impacts, à part pour dire qu’au-delà de certains montants, ils sont certainement négatifs, au moins par l’intermédiaire de la hausse des taux d’intérêts. Mais on oublie toujours d’estimer l’impact positif éventuel pour les économies qui reçoivent les capitaux en question !
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