L’Union Européenne peut-elle faire pression sur la Russie pour l’empêcher d’annexer la Crimée ? Certains commentateurs ont avancé que la dépendance de l’Union envers les approvisionnements de gaz russe enlevait beaucoup de force aux menaces de sanctions économiques contre la Russie. Les dernières nouvelles du CAC 40 amènent à relativiser cette crainte.
Dans la palette des solutions disponibles pour produire l’électricité indispensable à nos économies modernes, toutes ont à la fois des avantages et des inconvénients
Le nucléaire permet une production massive sur un territoire très limité et avec un combustible de petite taille. Son coût de revient donne jusqu’à présent à la France un avantage compétitif certain. Il n’émet pas de gaz à effet de serre, ce qui explique que la France en émette deux fois moins que son voisin allemand par habitant. Par contre il pose de redoutables problèmes de sécurité et de risques et il manque évidemment de souplesse.
Les centrales au fuel ont déjà plus de souplesse (mais il leur faut plusieurs heures pour démarrer), mais elles émettent ce CO2 cause de réchauffement climatique. Et on peut craindre que le prix du fuel augmente encore : il vaut sans doute mieux réserver les produits pétroliers à des usages pour lesquels ils n’ont guère de concurrents.
Les centrales à charbon bénéficient généralement de prix bas. Par contre, non seulement elles produisent du CO2 en abondance, mais elles produisent aussi nombre de poussières, au point d’être responsable d’une part importante de la pollution qui est en train de devenir un problème aigu en Chine. C’est le charbon pour l’essentiel qui était responsable du smog qui a fait une cinquantaine de morts dans la Meuse en décembre 1930 ou plus de 5000 morts à Londres en décembre 1952.
L’hydraulique a sur le papier tous les avantages : c’est une énergie propre et elle est particulièrement flexible (on peut même remonter l’eau pour stocker l’énergie !) avec des démarrages et des arrêts quasi instantanés. Malheureusement, on ne peut en installer que sur des sites adaptés. Diverses associations écologistes ont fait capoter tous les projets de barrages sur la Loire dans les années 80/90
Si les éoliennes et le solaire ont les faveurs des écologistes qui louent leur caractère non polluant, ces sources posent une difficulté majeur : leur caractère intermittent, irrégulier et indépendant de l’évolution des besoins
Avec les turbines à gaz, on a trouvé une source d’énergie qui demande beaucoup moins d’investissement et d’entretien que des centrales au charbon ou au fuel, et qui peut démarrer beaucoup plus vite. Le seul inconvénient est l’émission de CO2, mais il n’y a guère d’autre pollution (contrairement au fuel et surtout au charbon). La turbine à gaz est la solution idéale pour traiter les pointes.
Dans les années 80 et 90, cette qualité a fait le bonheur de la division d’Alstom qui fabrique ces turbines. GDF Suez a investi massivement en Europe sur des outils de production et de stockage
Las, les investissements massifs et très généreusement subventionnés dans les éoliennes et le solaire, couplés à une situation économique particulièrement dégradée depuis plus de 5 ans ont conduit à une situation sur capacitaire en Europe, du moins dans la plus grande partie de l’année. On risque ainsi d’être incapables de faire face aux plus fortes pointes, mais les centrales au gaz qui devraient être la réponse à ce problème, ne fonctionnent pas assez longtemps pour amortir leur coût d’acquisition.
Gérard Mestrallet, PDG de GDF-Suez, en a tiré les conséquences et il a provisionné environ 15 milliards de pertes sur les investissements faits dans ce domaine ou les survaleurs d’acquisition. On ne reviendra pas ici sur le sens de cette opération, Dirty Denis ayant brillamment traité le sujet.
Mais c’est là qu’on revient au gaz russe : si l’Union Européenne pense pouvoir se passer de turbines à gaz, elle n’a pas non plus un besoin forcené de gaz russe. Entre les livraisons de gaz algérien ou autres et les stocks de réserve, la pression que peuvent faire les russes avec leur gaz devient extrêmement limitée. Surtout à l’arrivée du printemps !
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